RTS Option Musique a inauguré le site de Lausanne-Ecublens. C’est Stéphane Thiébaud et l’émission Encore un matin qui ont eu cet honneur, le 4 novembre dernier. Un moment qui restera sans doute marquant dans l’histoire de la RTS et dans le parcours de l’animateur. La chaîne musicale francophone a été la première à déménager et reste la seule à émettre d’Ecublens jusqu’à mi-janvier.
Mardi 4 novembre, six heures tapantes. Stéphane Thiébaud commence l’émission Encore un matin, comme chaque semaine. Comme chaque semaine ? Pas tout à fait. Alors qu’il est habituellement seul aux commandes, une cinquantaine de personnes sont présentes dans le studio à ses côtés, pour assister à un moment historique pour la RTS : RTS Option Musique émet pour la première fois depuis son site de Lausanne-Ecublens, qui sera inauguré quelques jours plus tard. Une première qui s’est déroulée un mardi, plutôt qu’un lundi, pour s’assurer que la transition se passe de manière fluide.
« Il y a des grands moments sur un parcours professionnel, et ça en a fait partie » avoue Stéphane Thiébaud. « Il y a une pression particulière, c’est sûr, parce qu’on se dit, déjà techniquement, est-ce que tout va fonctionner ? Et ensuite, la première chose qu’on va dire aura aussi de l’importance ». S’il n’a pas eu à déplorer de problème technique, l’animateur se souviendra de sa première phrase, « une petite phrase dans la grande histoire de la RTS », dédiée à l’ouverture, et du tonnerre d’applaudissements qui a fusé ensuite. Une fois le trac du début passé, le reste de l’émission s’est déroulé « comme d’habitude » et, depuis, le quotidien de l’animateur est resté sensiblement le même que dans l’ancien studio à la Sallaz. « Sauf la vue. Moi qui fais la matinale, je vois le jour se lever sur le lac, c’est quand même quelque chose » sourit Stéphane Thiébaud.
Rester les mêmes
Continuer comme d’habitude, c’était justement l’objectif de RTS Option Musique avant son déménagement. « C’était important de ne pas montrer aux auditeurs et auditrices qu’on avait déménagé, qu’on était exactement les mêmes d’un lieu à un autre » assure la cheffe d’antenne Karine Vouillamoz. La chaîne tient à garder son identité, en emmenant ses équipes, ses archives et… ses petits canards en plastique, disséminés dans les nouveaux locaux. Touche colorée entre les murs de béton gris.
Si les programmes n’ont pas changé à Ecublens, l’organisation a, elle, été légèrement modifiée : la quinzaine de personnes que compte l’équipe de RTS Option Musique travaille désormais dans le même espace que l’équipe technique, ce qui facilite les échanges et s’avère « extrêmement bénéfique » selon Karine Vouillamoz. Les animatrices et animateurs peuvent également accéder à davantage de lieux d’enregistrement et d’espaces dédiés à la pré-production. « Avant, c’était compliqué, on avait qu’un seul studio, c’était un peu la bagarre » soupire-t-elle. « Ça change un peu dans l’émission Tandem, complète Stéphane Thiébaud. Avant, il y avait vraiment une personne à la technique et l’autre au micro. Là, l’autre peut aussi interagir techniquement parce qu’il a une petite table de mixage d’où il ou elle peut envoyer des sons ». Le nouveau bâtiment offre donc davantage de potentiel technique, que les équipes pourront développer dans les prochains mois en fonction de leurs capacités.
Les équipes de RTS Option Musique ont été formées et accompagnées lors de cette transition. Elles ont même été consultées tout au long du projet de nouveau bâtiment, puisqu’une personne référente avait contact avec les responsables et a pu leur faire part de leurs différents besoins sur le plan technique. Cet accompagnement n’a pas disparu lors de l’installation dans les locaux, en partie car des ajustements restent encore nécessaires. Mais aussi car les deux premières semaines de mise à l’antenne, des techniciens et techniciennes étaient présent.e.s en continu pour pouvoir régler rapidement tout incident technique ou incertitude. Un appui nécessaire, pour une équipe qui faisait véritablement figure de cobaye. Karine Vouillamoz salue la flexibilité de son équipe face au changement, notamment les équipes techniques qui ont rencontré plusieurs défis complexes.
« Je crois qu’on était la seule chaîne à pouvoir ouvrir le bal de la prise en main des nouveaux outils. Ça aurait été beaucoup plus compliqué avec une autre chaîne, comme RTS Première » estime Stéphane Thiébaud. Ce n’est pas par hasard, mais pour cette raison précisément, que RTS Option Musique a été choisie pour lancer le déménagement : « on est une petite équipe, et c’est une chaîne qui est extrêmement agile et flexible » explique Karine Vouillamoz.
Réactivité à l’actualité
La flexibilité de RTS Option Musique vient aussi du fait que ses animatrices et animateurs travaillent entièrement en self, c’est-à-dire qu’elles et ils assument également la partie technique. Une polyvalence qui ne se retrouve pas encore chez RTS Première, et seulement en partie chez RTS Espace 2 et RTS Couleur 3. Pour ces chaînes, « il y a non seulement les studios de self à mettre en place, mais également tous les grands studios avec régie et réalisation, qui demandent une beaucoup plus grande infrastructure, et beaucoup plus de travail du côté technique. Nous sommes extrêmement agiles, parce que nous avons des animatrices et animateurs qui savent tout faire » compare la cheffe d’antenne. « On se rend compte que le self, qui a pendant longtemps été dénigré, est une qualité extraordinaire et que tout le monde n’en est pas capable » ajoute-t-elle.
Par sa petite taille, RTS Option Musique jouit aussi d’une grande capacité de réactivité, ayant par exemple la possibilité de changer entièrement sa programmation en quelques heures en cas de décès d’une personnalité musicale, pour passer sa musique et faire sa nécrologie. Elle l’a notamment fait pour Françoise Hardy en 2024. « C’est souvent plus compliqué sur les autres chaînes de faire des choses comme ça, parce qu’on a des rendez-vous qui sont fixes. Nous pouvons réagir à tout, à tout moment, c’est une vraie richesse » s’enthousiasme Karine Vouillamoz.
La chaîne est donc singulière de plusieurs manières, faisant d’elle la candidate idéale pour ouvrir la marche du déménagement. Et si le déplacement a posé de nombreux défis, l’équipe s’est approprié ses nouveaux quartiers et est unanime : elle ne voudrait absolument plus retourner à la Sallaz, malgré les souvenirs qui habitent ses anciens locaux.
L’équipe de RTS Option Musique travaille toutefois encore dans des locaux bien vides, dans l’attente d’y avoir davantage de compagnie. En effet, les autres chaînes déménageront ces prochains mois, avec d’abord RTS Espace 2, puis RTS Première et enfin RTS Couleur 3. Elles partageront un espace ouvert, simplifiant les échanges et la proximité. Il n’est ainsi pas impossible que de nouvelles synergies naissent entre les différentes chaînes une fois leurs quartiers pris.
Encadré : TRENTE ANS D’ARCHIVES À DÉMÉNAGER
Comme tous les départements, RTS Option Musique a dû faire du tri et préparer ses cartons pour déménager à Ecublens. Et mettre une trentaine d’années d’histoire dans des cartons, voilà qui n’est pas une tâche aisée. Le personnel a dû trier, emballer, mais aussi jeter. « Je me disais que je ne pouvais pas abandonner tous ces papiers, toute cette histoire, tous ces CD, auxquels j’étais tellement attachée, et puis finalement, j’arrive ici et je me dis, je fais quoi avec tous ces cartons ? Ici, ils n’ont plus aucun sens » raconte Karine Vouillamoz, cheffe d’antenne, qui pourtant attache beaucoup d’importance au patrimoine et aux souvenirs. « J’ai peur qu’en arrivant ici, on les oublie » confie-t-elle. Les archives sont toutefois numérisées, pour tourner la page de la Sallaz mais garder précieusement le livre de son histoire.
Par Nina Beuret
Paru dans le magazine Médiatic 233 (décembre 2025)
