Un nouveau bâtiment, une nouvelle vision des modes de production et une ouverture au public repensée et améliorée. Le site RTS de Lausanne-Ecublens a été inauguré en novembre et une partie du personnel y a déjà pris ses quartiers. Ce projet, lancé il y a dix ans, a évolué en même temps que les transformations de l’entreprise, pour aboutir à un lieu répondant aux besoins de toutes et tous et renvoyant une image moderne alignée avec la vision de l’entreprise. Présentation des lieux et retour sur un chantier d’envergure.
À l’origine du nouveau site RTS, le besoin de renouveler les infrastructures et outils de production lausannois, en construisant à neuf plutôt qu’en rénovant le site de la Sallaz. C’était en tout cas l’objectif énoncé il y a dix ans. Depuis, le projet a bien évolué, au rythme des transformations de l’entreprise, de la branche et de la technologie. Le site, qui devait être dédié uniquement à la radio au départ, sera finalement la concrétisation d’un changement de paradigme : ne plus produire des contenus séparés pour chaque média (radio, TV et web), mais des contenus « transmédia », avec une priorité au digital. Ceci afin de s’adapter aux exigences du public, qui ont fortement changé depuis l’avènement du numérique, pour continuer à le toucher.
Pour concrétiser cette vision, c’est un chantier d’envergure qui a été mené. Celui-ci ne s’est pas limité à construire un bâtiment, mais aussi et surtout à réfléchir à ses différents usages, avec l’humain au centre. C’est en tout cas la vision de Marc Bueler, chef de projet global. « Il y a beaucoup d’évolutions de processus, de métiers. On change vraiment tout de A à Z, c’est ça qui fait la complexité de ce projet » avoue-t-il, heureux d’arriver à la phase de concrétisation.
Dans les chiffres, c’est la moitié des effectifs de la RTS qui va déménager d’ici à 2027 : environ 600 personnes viendront de Lausanne et près de 300 de Genève prendre leurs quartiers à Ecublens, en plein campus de l’Université de Lausanne (UNIL) et de l’EPFL. Plus de 80% des surfaces de ce nouveau lieu seront dédiées à la production de contenus, le reste à l’administration et aux différents services.
Le site, inauguré officiellement en novembre, est pensé pour être flexible, évolutif. Transformer le parking des cars de reportages en rédactions et studios, augmenter la hauteur des émergences pour construire des étages supplémentaires : des idées qui paraissent futuristes mais qui seront bel et bien possibles, si le besoin s’en fait sentir. Le bâtiment a été conçu ainsi, pour pouvoir évoluer en continu. Une nécessité dans le contexte actuel, où les technologies changent rapidement.
Le projet répond aussi à une volonté de mutualiser le travail des équipes et de renforcer leurs collaborations. En atteste le département des actualités, désormais regroupé à Lausanne-Ecublens, et sa nouvelle « newsroom » transmédia. Dans ce grand espace ouvert, les contenus radio, télévision et digitaux seront créés en même temps et déclinés de manière coordonnée sur les différents vecteurs. L’ensemble des équipes travailleront à proximité les unes des autres et des lieux de production, les studios étant au cœur de la « newsroom ». Une configuration optimisée qui facilite grandement la collaboration, d’après Marc Bueler.
Cette transition vers un mode de production transmédia a été amorcée afin de s’adapter davantage aux nouveaux usages du public, qui consomme désormais les médias sur plusieurs supports en parallèle. « Nous atteindrons mieux la population si nous élargissons nos compétences » estime Joël Marchetti, responsable de la transformation de l’actualité. Celui-ci y voit deux autres avantages : unir les forces des rédactions et garantir une meilleure cohérence éditoriale.
Plus d’horizontalité
L’une des conséquences de cette nouveauté est un changement dans l’organisation : il n’y aura plus de rédactions en chef pour chaque média, comme c’était le cas jusqu’à maintenant, mais une pour les productions, une pour les rubriques, et une responsable du pilotage, c’est-à-dire de coordonner la diffusion des sujets auprès des publics. Alors que les contenus étaient jusqu’à aujourd’hui produits séparément, ils seront désormais réalisés par des journalistes qui suivront un sujet de A à Z, y compris sur les autres vecteurs. L’accent sera mis sur le digital, avec une diffusion sur les plateformes propres de la RTS (son site et son application) en priorité.
Ce changement de paradigme a déjà été amorcé avant le déménagement, progressivement, en incitant par exemple les équipes à se former aux autres médias. Depuis quelques années, les journalistes stagiaires sont également actifs pour les trois médias dès leur arrivée, afin de permettre davantage de polyvalence. Pour autant, il ne sera pas attendu des équipes une flexibilité totale. « Nous souhaitons garder nos spécificités, pour rester leaders en TV, leaders en radio et experts dans nos vecteurs, précise Joël Marchetti. Il n’est pas question que tout le monde fasse tout ».
Sur le nouveau site de Lausanne-Ecublens, les journalistes travailleront dans le même espace et auront tous les outils de production de l’actualité à portée de main, de quoi faciliter leur travail au quotidien. « C’est toute la force de créer ce regroupement de l’actualité, en ayant à disposition des moyens modernes. Nous repensons toute notre façon de produire l’actualité, avec par exemple l’automation de certaines tâches grâce à l’IA. Nos processus et outils pourront mieux se développer dans cette nouvelle newsroom » se réjouit Joël Marchetti.
Concrètement, la surface de travail sera répartie en plusieurs espaces, l’un étant dédié aux rubriques, un autre au « Temps 1 » de l’actualité, soit les contenus quotidiens, destinés à des programmes comme le 19h30, Forum, ou au site internet. Une autre zone sera dédiée au « Temps 2 » de l’actualité, par exemple les magazines. « Nous souhaitons davantage d’horizontalité dans nos organisations, afin que les productions et journalistes aient plus d’autonomie dans leur travail, pour avancer. Même si bien sûr, quand la breaking news arrive, nous savons toujours qui décide de quoi, ça doit être très clair » précise le journaliste.
L’organisation et les méthodes de travail connaissent donc une petite révolution sur le site. Une révolution liée également à l’avènement de l’intelligence artificielle et à sa démocratisation, ainsi qu’aux nombreux autres défis rencontrés par l’entreprise – et l’ensemble du secteur des médias – depuis 2015, entre pandémie de Covid-19, initiative No Billag et nouvelles stratégies SSR pour la production des médias et l’organisation du travail.
Expositions, éducation et émissions
Afin de convaincre ses publics, d’en conquérir de nouveaux et de renforcer les liens entre ceux-ci et l’offre de la RTS, une autre fonction du nouveau bâtiment est d’offrir davantage d’ouverture vers l’extérieur. Celle-ci se concrétise par un espace d’accueil de 1000 m², permettant la tenue d’événements, un programme quotidien d’éducation aux médias, des visites thématiques, ainsi que des émissions en public. Des activités déjà mises en place à la Sallaz et à la tour à Genève, mais le site de Lausanne-Ecublens a véritablement été pensé pour les développer, les rendre plus agréables et leur permettre d’évoluer en continu. « Le bâtiment a été conçu pour offrir une grande transparence sur l’entreprise, ses activités et son savoir-faire » précise Stanislas Burki, chef du Service marketing de la RTS.
Trois zones d’expositions, renouvelées deux fois par an, ont été définies dans le foyer du bâtiment. Chacune aura un usage particulier : une zone accueillera des expositions sur des thématiques spécifiques liées à la RTS, à son offre ou à l’actualité, une autre sera dédiée à l’institution, au patrimoine, à la valeur publique de la RTS. Enfin, la troisième zone d’exposition sera consacrée à des collaborations, principalement avec les hautes écoles environnantes, l’EPFL et l’UNIL, avec qui la RTS a travaillé largement en amont de l’inauguration pour élaborer son concept d’ouverture au public et favoriser l’innovation.
Le foyer sera aussi le point de départ des visites d’entreprise. « L’ambition est de doubler la fréquentation à la RTS avec des visites quotidiennes » détaille Stanislas Burki. « Il y a aussi le volet d’éducation aux médias qui devient central » poursuit-il, précisant que la RTS prévoit d’organiser près de 400 ateliers par année, dont certains en collaboration avec ses voisins, comme l’EPFL et l’UNIL, sur des thématiques variées et pour différents types de publics.
L’offre événementielle sera aussi développée, profitant par exemple des nouveaux studios en invitant davantage encore le public à assister aux émissions en direct. D’autres événements, comme des conférences ou concerts, seront adressés plus spécifiquement au corps estudiantin des hautes écoles voisines, un autre pan des collaborations tissées entre la RTS et ses voisins. L’objectif : que le nouveau site RTS Lausanne-Ecublens s’intègre pleinement dans l’écosystème du campus, tout en devenant un lieu vivant, à visiter et à expérimenter. Plus largement, qu’il incarne l’image d’une RTS ouverte, moderne, une marque qui appartient à toutes et tous et qui suscite de la fierté.
Encadré : RTS Lausanne-Ecublens en chiffres
• Dimensions : 140 × 109 × 31 mètres (longueur, largeur, hauteur maximale)
• 24 602 m² de surface utile
• 2750 m² de panneaux photovoltaïques (50-100% des besoins énergétiques, hors production)
• 100 km de fibre optique
• 950 personnes
Par Nina Beuret
Paru dans le magazine Médiatic 233 (décembre 2025)
