04.02.2015 -

Visite de l’opéra de Lausanne

La SRT Vaud vous invite le mercredi 28 janvier 2015.

C'est à la proposition de notre président que la visite de l'opéra de Lausanne a été organisée cette année. L'idée a remporté un tel succès que le président et la vice-présidente ont dû diviser les amateurs en deux groupes; le second visitera l'édifice plus tard cette année, la disponibilité des responsables étant très restreinte.

Nous étions donc une cinquantaine de privilégiés, séparés en deux équipes dirigées par M. le Directeur Vigier et par M. le Directeur adjoint Olivier Cautrès qui nous ont conduits de la scène sous la scène, puis aux ateliers, aux loges et enfin à la buvette Laurent Perrier.

Construit en 1871, l'opéra-théâtre de Lausanne a subi récemment une restauration complète et un agrandissement qui en ont fait l'une des salles les meilleures du monde concernant la visibilité des acteurs, de la manutention des décors, et surtout de l'acoustique. Ces qualités, alliées à une direction ambitieuse et efficace, permettent à l'opéra de Lausanne de collaborer avec les plus célèbres salles d'Europe et même d'Australie, la politique étant de coproduire des œuvres (question de partage de frais et de durée des représentations) qui passent donc de Sydney à Lausanne, puis en Italie et ailleurs. Lausanne présente chaque année 5 représentations de 6 à 7 œuvres qui sont chaque fois répétées un mois au préalable. L'agrandissement du bâtiment permet maintenant de préparer une œuvre dans le nouveau local de répétition pendant qu'une autre œuvre est présentée sur scène. Une quarantaine de personnes sont employées par le théâtre, allant des directeurs aux couturières, aux maquilleuses, aux menuisiers, aux guichetières, aux ouvreuses, aux machinistes et au comptable.

Le théâtre de Lausanne dispose d'une scène remarquablement large, 10 mètres d'ouverture au public, et 10 mètres de plus de chaque côté, ce qui lui donne une surface de 480 m2. Un chanteur situé tout au fond de la scène est parfaitement visible et audible du balcon supérieur. Aujourd'hui, la manœuvre des décors est automatisée, les décors apparaissant ou disparaissant en un clin d'œil dans les cintres hauts de 30 mètres, et avec une précision impressionnante.

Devant la scène, la fosse d'orchestre sur vérins est escamotable selon les besoins. Elle peut accueillir une septantaine de musiciens, et si elle n'est pas nécessaire, il est possible de fixer à sa place une cinquantaine de sièges supplémentaires pour le public.

Sous la scène, divisée en carrés, nous avons vu les vérins qui permettent de la modifier en escaliers ou autres reliefs selon les besoins de l'œuvre. (M. Cautrès nous a même soufflé qu'il était possible de transformer le volume en piscine). Sous la scène repose aussi le podium du directeur, lequel doit adapter sa direction au type de l'œuvre, à la qualité et à la forme des artistes, à l'équilibre entre musiciens et chanteurs, et même à la météorologie; en fait, la direction change chaque soir. Les loges n'étaient pas ouvertes parce qu'occupées, mais la salle de répétition, construite après 3 ans de procès avec des opposants, après qu'un juge a découvert que le terrain avait été donné à la ville de Lausanne exprès pour y construire une extension du théâtre, était visitable. Ses 200 m2 peuvent être marqués par des rubans adhésifs pour simuler le futur décor de l'œuvre répétée. Autant que possible, la salle est aussi louée à d'autres troupes ou à des orchestres. Plusieurs locaux à la hauteur de la rue Beau-Séjour ont un vitrage spécial qui permet aux passants de voir la nuit le travail des artistes ou des techniciens.

Finalement, les visiteurs se sont retrouvés au bar Laurent Perrier, lequel ne sert pas d'eau minérale, mais du champagne, puisqu'il a été aménagé dans l'ancien atelier de peinture des décors avec l'appui financier de cette cave. Les visiteurs ont pu encore s'instruire auprès de MM. les Directeurs, non pas en sablant le champagne, mais en dégustant du bon vaudois rouge et blanc, couleurs de Lausanne.

C'est ainsi que nous avons encore appris que contrairement à l'Allemagne et Vienne qui ont un régime de répertoire, avec chaque soir de la semaine un opéra différent, Lausanne travaille selon le régime des saisons, avec chaque oeuvre jouée cinq fois de suite (après le mois de répétitions) avant qu'elle soit présentée ailleurs.

L'opéra de Lausanne organise aussi des matinées d'initiation pour les écoles. 5'000 enfants visitent le théâtre et assistent à un spectacle de 3 airs d'opéra. Lausanne patronne aussi le festival d'Avenches.

Pendant la «saison», l'acteur ou le chanteur se loge à ses frais à l'hôtel ou dans des logements proposés par le théâtre.

C'est M. Vigier qui décide du programme en fin de compte. Il faut travailler avec 2 1/2 ans d'avance. Les 5 représentations de La Traviata (programmée ces jours) coûteront quelque 950'000 francs et rapporteront quelque 530'000 francs, la différence étant assurée par des subsides et des dons (dont un million de subside annuel de la commune de Lausanne ). Il va sans dire que les directeurs passent pas mal de temps à chercher des mécènes.

Il ne reste plus de places disponibles pour La Traviata, mais on en trouve encore pour la prochaine œuvre présentée ce printemps, Tancrède, opéra de Rossini encore jamais joué à Lausanne.

Enfin, les visiteurs ont pu s'installer au second balcon pour suivre la répétition de La Traviata. Il s'agissait de la scène finale et n'étaient présents que la prima dona mourante, son amoureux et sa servante, la metteuse en scène ainsi que le chef d'orchestre avec une pianiste. Beaucoup de calme et de persévérance, quelques brèves discussions. Le public, qui n'était pas censé intervenir, s'est tenu admirablement coi et attentif, et il a profité d'une interruption pour s'éclipser comme prévu.

Soirée remarquable, originale et très instructive. Un grand merci et chaleureuses félicitations à Marc Oran.

Richard Lecoultre, SRT Vaud