26.10.2023 - Coproductions

À l’antenne: Le Jura raconté par "Les Indociles"

Les Indociles: Arcadi Radeff (Joe), Fotinì Peluso (Chiara) et Marinel Mittempergher (Lulu) / RTS © Jay Louvion

Dès le 8 novembre, une nouvelle série, quelque peu rebelle, débarque sur RTS1 et Play Suisse : Les Indociles. Cette coproduction RTS et Box Productions tournée dans le Jura retrace le parcours de 3 amis portés par leurs idéaux libertaires, souhaitant s’affranchir des carcans de la société. Une aventure humaine, historique et jurassienne.

 

Les Franches-Montagnes, fin 1973, Lulu, Joe et Chiara, trois adolescents inséparables en quête de liberté. Le décor est planté, l’histoire peut démarrer.

Au cœur de cette région de rébellions et de luttes sociales, les trois amis ont pour but de construire un monde plus libre et égalitaire, un monde à leur image où leurs rêvent pourront se réaliser. La Ferme des Indociles, lieu de rassemblement des militants et indépendantistes de la région, est leur nouveau refuge où se dessine l’espoir d’une vie différente, ensemble.

L’époque voit aussi se développer la vague hippie qui passe la frontière jurassienne. La jeunesse se fait rapidement déborder par la situation et les drogues dures deviennent légion. Une tendance dans laquelle Chiara tombe et devient accro à l’héroïne. Lulu fait tout pour aider son amie à s’en sortir et dédie sa vie à l’aide aux toxicomanes.

La lutte contre la société, le problème de la toxicomanie, le soutien indéfectible entre ces trois amis sont présents pendant toute leur vie, pendant les quatre décennies que traverse la série. Une histoire plutôt dramatique mais surtout humaine et emplie d’émotions, « portée par des personnages hauts en couleur et en idéaux », comme aiment à le souligner les auteurs de la série.

 

Des bulles au scénario

La série Les Indociles est tirée de la bande dessinée éponyme de Camille Rebetez et Pitch Comment. À la lecture de la BD, Delphine Lehericey, réalisatrice de la série, a « senti le potentiel d’une saga très émouvante avec une portée universelle ». L’ouvrage de 5 tomes a été adapté en une série de 5 épisodes en reprenant l’atmosphère, le territoire et cette narration particulière qui suit le destin des personnages sur plusieurs décennies. Il fallait toutefois créer une histoire originale pour la série, c’est pourquoi le choix a été fait de se concentrer sur un lieu – la Ferme des Indociles – et une thématique – le combat contre la toxicomanie.

Cette forme de saga historique s’adapte également bien au format de la série, ce qui a également séduit Patrick Suhner, producteur pour la RTS : « quand nous développons une série, nous sommes impliqués durant tout le processus d’écriture avec un objectif : une diffusion visant une large audience. Ce format permet ainsi de fidéliser davantage notre public avec un rendez-vous sur plusieurs soirées. » Delphine Lehericey rajoute que « tout l’intérêt du format sériel est de s’attacher à des êtres fictifs, de les rencontrer, de se sentir proche d’eux ». Car Les Indociles est surtout une histoire de personnages auxquels on s’attache.

Pourtant, cette série n’a pas été de tout repos à réaliser. L’histoire se déroule de 1973 à 2006 en seulement 5 épisodes. Le défi a donc été non seulement narratif mais également esthétique. Il a fallu s’adapter aux diverses ambiances et décors variés en fonction des époques : « pour chaque épisode, il nous fallait tout reconstruire », souligne la réalisatrice. Le défi s’est également posé pour les acteurs, car les personnages vieillissent de près de 40 ans en 5 épisodes. Même si le travail des maquilleuses et coiffeurs a été indispensable pour vieillir ou rajeunir les acteurs, il a été nécessaire de changer de comédiens et comédiennes entre les deux premiers épisodes et les trois suivants : « un vrai défi de casting, car non seulement il fallait être convaincu du jeu, mais en plus trouver des acteurs qui se ressemblent pour que le public accepte l’idée d’une série avec un casting qui change en plein milieu », explique Delphine Lehericey. Le résultat n’en est que plus bluffant car le spectateur est véritablement plongé dans l’histoire et la vie de ces personnages.

 

Le Jura et son histoire

C’est aussi l’histoire de toute une région. La série suit les aventures des personnages qui évoluent dans un territoire connu historiquement comme étant un haut lieu de la lutte sociale et des rébellions. Le Jura et l’évolution de son histoire sont montrés au fil des épisodes, pour permettre d’ancrer dans le réel les aspirations des personnages en référence aux enjeux politiques et sociaux de l’époque.

Au-delà du tournage à Saignelégier et dans les Franches-Montagnes, il a donc été nécessaire de s’appuyer sur la ‘‘grande Histoire’’ afin de retracer au plus près l’atmosphère de cette « terre de f(r)iction », comme l’appelle Patrick Suhner. Les auteurs ont consulté de nombreuses archives et écouté des témoignages. Ce dernier indique également que « des figures pionnières dans le Jura, comme Fernand Poupon ont aussi servi de modèle. » L’auteur de la bande dessinée Camille Rebetez, originaire du Jura, « qui a participé à l’écriture de la série et qui tenait beaucoup à l’authenticité des événements, a apporté beaucoup de ses connaissances ». Un travail remarquable a ainsi été réalisé pour retransmettre au plus proche les mentalités de l’époque et l’histoire particulière de ce canton à l’esprit et à l’histoire rebelle.

 

Addictions : un documentaire au-delà de la fiction

La série Les Indociles se penche particulièrement sur la question de la toxicomanie et de sa gestion politique et sociale pendant ces quatre décennies. La problématique est notamment incarnée par le personnage de Chiara qui devient accro à l’héroïne, et de Lulu qui met en place une structure d’accueil pour toxicomanes à la Ferme des Indociles.

Pour aller plus loin sur le sujet, un documentaire a été réalisé en parallèle de la fiction. Pour Patrick Suhner, « la thématique de la drogue ayant pris une place importante dans la série, il nous a paru intéressant d’avoir une perspective historique sur le rôle précurseur de la Suisse. Et on voit qu’aujourd’hui, avec les nouvelles scènes du crack qui se développent un peu partout en Europe y compris en Suisse, la question de la prise en charge des toxicomanes reste brûlante ». Addictions, réalisé par Jacques Matthey, revient sur les moments marquants de l’histoire de la toxicomanie et de la politique à ce sujet en Suisse, grâce à des images d’archives et des témoignages d’anciens toxicomanes. Le documentaire sera programmé dans la case Histoire Vivante le dimanche 12 novembre sur RTS 2 et Play RTS. Tout un programme qui remplira de rébellion et d’émotions vos soirées de novembre.

 

Par Marie Jaquet

Paru dans le magazine Médiatic 225 (octobre/novembre 2023)