12.07.2025 - Médiatic

Jacques Matthey s'engage pour le septième art à Neuchâtel

Jacques Matthey, réalisateur, producteur et président de l’association Neuchâtel Films (© Quentin Bacchus)

Réalisateur, producteur et président de l’association Neuchâtel Films, Jacques Matthey s’investit pour la création cinématographique de son canton. Licencié des lettres en histoire générale ainsi qu’en histoire et esthétique du cinéma, le natif de la Béroche (NE) a suivi une formation d’assistant-réalisateur au Conservatoire Libre du Cinéma Français (CLCF) à Paris.

Il a travaillé en tant que monteur et responsable des archives audiovisuelles pour le Montreux Jazz Festival et fondé sa société de production, Pi Production, en 2008, tout en travaillant sur plusieurs films. Il évoque l’importance du soutien au cinéma suisse.

Vous êtes réalisateur et producteur et présidez l’association Neuchâtel Films. Quels sont ses buts ?
Neuchâtel Films a été créée en 2011 dans le but de promouvoir les films réalisés par ses membres. À ce titre, nous organisons notamment un festival, la Bibi (la Biennale Internationale des bobines d’ici), de manière régulière. Nous accompagnons aussi les avant-premières qui sortent en salles. Enfin, depuis trois ans, nous avons lancé le projet de création d’un fonds incitatif pour attirer des tournages dans la région.

La loi « Netflix » est entrée en vigueur, quels en sont les premiers effets ?
Il est encore difficile de mesurer les effets de cette loi dans la production. Les diffuseurs ont quatre ans pour s’acquitter de la taxe ou pour investir dans des projets. Sa mise en œuvre n’est pas encore très claire au niveau national. Il va donc falloir encore attendre un peu avant de pouvoir en mesurer les effets. Mais il va y avoir de l’argent supplémentaire pour certaines sociétés de production, pour certains projets. Ce qui aura un impact positif, car les subventions n’augmentent plus dans le secteur culturel.

Quelle est l’importance du soutien de la SSR à la production audiovisuelle, notamment pour les régions périphériques comme Neuchâtel ?
Son importance est capitale pour que les projets soient financés correctement. Sans l’aide de la SSR, il est difficile de boucler un budget en payant le personnel au tarif en vigueur. De plus, le soutien de la SSR débloque des aides automatiques, notamment à Cinéforom. Ce mécanisme profite aux plus petits cantons, notamment ici à Neuchâtel, où l’on reçoit davantage que l’on contribue. Mais cela nous met aussi en concurrence avec toute la Suisse romande, ce qui rend l’accès au financement plus difficile.

Le prochain tournage de la série « Placée », coproduite par la RTS, est l’occasion d’un projet pilote du Canton de Neuchâtel. Que pouvez-vous nous en dire ?
Neuchâtel Films a été approchée il y a une année par la société genevoise Rita Productions car l’équipe voulait venir tourner une série dans la région. Nous avons organisé une réunion avec le Service de l’économie du canton. L’idée était de soutenir un premier projet pour pouvoir ensuite mesurer de manière concrète les retombées économiques d’un tel tournage sur l’économie locale. Il a fallu persuader jusqu’au Conseil d’État, mais le projet a su convaincre. Le tournage va se dérouler de juin à septembre, principalement à Neuchâtel. Cet exercice « grandeur nature » et ses retombées vont nous permettre dès cet automne de rédiger une proposition de texte pour la création d’un futur fonds incitatif neuchâtelois et d’un bureau d’accueil de tournage. Plusieurs autres régions sont en train d’étudier la création d’un fonds, mais aujourd’hui seuls le Valais et le Tessin disposent d’un tel outil. Neuchâtel a donc une carte très intéressante à jouer pour l’avenir.

Par Matthieu Béguelin, SSR Neuchâtel

Paru dans le magazine Médiatic 231 (juin 2025)