28.02.2022 - SSR Suisse romande

Le Conseil du public souhaite plus de visibilité

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Cet organe examine de manière critique et constructive les contenus produits par la RTS.

Ils sont 17 membres à se réunir une fois par mois pour exposer aux professionnel·les un compte-rendu critique des contenus de la RTS qu’ils ont analysés. Ce travail mené par le Conseil du public reste mal connu du public qu’il représente pourtant.

Imaginons le micro-trottoir suivant: savez-vous ce qu’est le Conseil du public (CP)? Le discours serait sans doute peu articulé. Sauf si le journaliste tombait sur Gérald Berger: «Le CP est constitué de femmes et d’hommes des cantons romands et de la partie francophone de Berne, de différentes sensibilités et dans la mesure du possible, représentatifs de tout le public de la RTS. Son travail consiste à examiner, de manière critique et constructive, les contenus radio, télé et numériques produits par la RTS.» Membre de la SSR Fribourg, ce Broyard préside le Conseil du public pour la législature 2020-2023 qui se compose de deux représentant.es pour chacune des sept sociétés cantonales et trois personnes désignées par le Conseil régional.

«Il est des émissions qu’on apprécie personnellement ou d’autres qu’on n’aime pas. On ne va pas pour autant faire des critiques négatives. Il faut se mettre dans la peau du public lambda.» Arianne Ducommun, membre du CP

Organe consultatif de la SSR Suisse romande, le CP fournit un travail important et précieux. Ainsi, à tour de rôle, un groupe de 3-4 membres décortique une émission en se référant à une grille d’analyse dont les critères portent notamment sur la qualité des contenus, l’originalité, l’objectivité, la conformité à la Charte RTS. «Il s’agit d’avoir un regard critique. Il est des émissions qu’on apprécie personnellement ou d’autres qu’on n’aime pas. On ne va pas pour autant faire des critiques négatives. Il faut se mettre dans la peau du public lambda et observer si l’émission remplit ses objectifs. C’est intéressant de devoir faire la part des choses», observe Ariane Ducommun. Cette Fribourgeoise de 28 ans, fan de séries visionnées aussi bien sur Play Suisse, Netflix que Canal+, incarne cette génération qui consomme les médias sur le digital. Génération que cherche à capter la RTS mais qui est en fait très peu présente au sein du CP. «Il manque de jeunes et de femmes, acquiesce Gérald Berger, mais au fil des mutations, nous essayons d’améliorer la situation.»

La synthèse des analyses du CP est remise aux professionnels de la RTS et discutée lors d’une séance mensuelle commune. Philippa de Roten, responsable du département Société & Culture RTS et son homologue à l’Actualité & Sports, Christophe Chaudet, sont conviés, de même que les producteurs des émissions concernées: «Si nous émettons des critiques, dans 80 à 90% des cas, les professionnel.les disent effectivement les partager», estime Gérald Berger. «Nos comptes rendus sont assortis de recommandations, poursuit-il, et parfois on nous explique d’emblée pourquoi elles sont irréalisables.»

Les échanges sont fluides et cordiaux entre les deux parties, à de rares exceptions près. Gérald Berger évoque un «débat musclé» à propos des remarques sur les webséries et particulièrement Bon ben voilà. «Nous débattons avec le Conseil et prenons acte de notre divergence de points de vue. Il a toujours été clair, pour les deux parties, que le CP émet des avis et recommandations – que nous entendons – et que la responsabilité finale éditoriale appartient à la RTS», justifie pour sa part Emmanuelle Jaquet, la responsable Relations médias.

Le Conseil du public accomplit un travail en profondeur, toujours plus pertinent. Dès janvier, il a introduit également un service de veille: «Nous avons fait trois groupes: actualité, société & culture et sports. Les membres envoient leurs observations à un rapporteur qui en fait la synthèse. Nous pourrons interpeler les professionnel. les de la RTS avec des remarques plus structurées lors des réunions», assure Ariane Ducommun.

Être membre du CP c’est, outre un esprit critique, être disponible pour des séances en journée. Ce n’est pas un problème pour la jeune Fribourgeoise, employée à 80%. De son côté, Jean-Philippe Terrier, salarié à l’Etat de Genève, questionne: «Prendre une journée de congé serait compliqué si j’étais dans entreprise privée.» Gérald Berger est d’avis «qu’accorder aux membres encore actifs un défraiement égal à celui du salaire perdu» serait une solution possible.

S’il est un point où s’accordent, unanimes, nos interlocuteurs, c’est le manque de visibilité du CP. «Auprès des professionnels des médias comme du public, voire au sein de la RTS», déplore Gérald Berger. La campagne de communication qui accompagne la nouvelle identité SSR Suisse Romande va changer la donne.

Texte: par Marie-Françoise Macchi, paru dans le magazine Médiatic 220 (Février/Mars/Avril 2022)