09.12.2020 - Médiatic

L’innovation au service de l’actualité pour les jeunes adultes

Amélie Boguet ©RTS/Anne Kearney

«Info 35», lancé en mars 2020, c’est l’actu pour les moins de 35 ans sur les réseaux sociaux.

Amélie Boguet nous dit tout sur les grandes lignes de l’offre Info 35, les défis et opportunités qu’elle implique, ainsi que sur les résultats atteints.

En quelques mots, pourquoi avoir lancé un tel projet ?

Tout est parti du besoin de rester connecté à cette audience jeune avec un contenu informatif et d’actualité. Et puis, il y a eu un moment où il fallait franchir l’étape d’après. J’ai été mandatée en juillet 2019 pour monter un groupe de travail transversal, mettant autour de la table tous les savoir-faire RTS. Pas seulement des savoir-faire éditoriaux ou journalistiques, mais aussi issus de la distribution, des expertises digitales, etc. Après une réflexion de plusieurs mois, on a abouti à ce qui existe aujourd’hui, à savoir les trois formats principaux que sont: Le Rencard, un journal d’actualité pensé pour Instagram, Le Short, un condensé d’actualité diffusé le matin sur WhatsApp et finalement Le Point J, un podcast offrant plutôt un approfondissement, en fin d’après-midi, sur une question d’actualité.

Quels sont les résultats mesurés à ce jour? Est-ce que les objectifs sont atteints?

Les objectifs ont été atteints au-delà de nos espérances ! Et ce, dans un contexte totalement exceptionnel, et pas dans le sens positif du terme. On a lancé tous ces formats à la mi-mars, ce qui signifie que cela s’est fait complètement à distance. D’une certaine façon, on peut dire que l’on a profité de cette situation au début, étant donné que les gens étaient très présents sur le digital à ce moment-là, ce qui nous a permis de démarrer très fort. On s’est donc rapidement posé la question de savoir si ce succès venait des circonstances. Et la réponse est non.

À la reprise, en septembre, le semi-confinement n’était plus en vigueur et on a redémarré très, très fort. Par exemple, sur Le Rencard, on est à +50% d’audience. Concernant Le Short, la communauté grandit vite et c’est techniquement un peu difficile par moments, car on invente en temps réel. On compte déjà 3600 abonnés aujourd’hui. Dans nos estimations de départ, on se disait que si l’on atteignait 2000 abonnés d’ici la fin de l’année, ce serait déjà super. De même pour Le Point J, qui est vite devenu un des podcasts produits par la RTS les plus écoutés.

Nous avons adopté une démarche expérimentale, en essayant de nouvelles écritures, sur de nouvelles plateformes. C’était notre objectif premier et il est atteint. Ce lien avec la communauté est le début d’une conversation. Les chiffres confirment cela et nous en sommes très contents. Il n’y a pas qu’un retour d’estime, c’est vraiment positif.

L’une des forces de ce projet est la création de contenu par des professionnels appartenant au public-cible…

En effet, et l’équipe qui a été engagée pour lancer les trois formats n’a pas changé. L’idée est toutefois d’enrichir l’offre de nouvelles voix, de nouvelles écritures, au fur et à mesure.

N’y a-t-il pas une sorte de doublon avec Tataki, lancé en 2017? Comment ces offres se différencient-elles?

On nous compare souvent à eux. Il y a souvent un malentendu sur la démarche de Tataki, qui traite en effet de temps en temps d’actualité. Cependant, c’est avant tout un média qui parle de culture, de divertissement et de société, plutôt qu’un média d’actualité. Aussi, Tataki appartient au Divertissement, et Info 35 à l’Actu. Ce sont deux unités différentes. La force de Tataki, c’est justement de réussir à capter un public jeune voire très jeune, avec des thématiques qui le concernent. Dans le cas d’Info 35, nous avons pour mission d’aborder l’actualité en trouvant le mode narratif idéal. Tataki a en ce sens davantage le choix des ingrédients que nous. On doit donc être infaillible dans la façon dont nous choisissons de présenter l’actualité à notre public-cible.


«J’ai eu une chance inouïe»

Un beau parcours, jalonné d’opportunités qu’elle a su saisir. Amélie Boguet a démarré à la RTS en 2003, en tant que journaliste à la rubrique internationale. Cette étape lui a permis de se « plonger totalement dans l’univers de la rédaction, de vivre au rythme de l’actualité ». Après 17 ans de carrière à la RTS, les moteurs qui permettent à cette touche-à-tout de continuer à innover sont la richesse et la créativité qui émanent des équipes, ainsi que sa passion pour le métier. Peut-être qu’un jour, elle lèvera un peu le pied. Mais ce n’est pas pour tout de suite.

Texte: Propos recueillis par Manon Mariller, paru dans le magazine Le Médiatic 214 (Décembre 2020/Janvier 2021)