Spécialiste égalité et écrivaine, Guite Theurillat a grandi à Porrentruy dans un milieu marqué par la lutte pour l’indépendance du canton du Jura.
À la fin des années 60, elle rencontre un amoureux bernois auquel elle renoncera par loyauté à son engagement pour la cause autonomiste, histoire qu’elle relate dans son livre Un amour en Berne. Engagée auprès de nombreuses causes dont le suffrage féminin et le Mouvement de libération des femmes, Guite rejoint en 1979 le premier Bureau de la condition féminine du canton du Jura avant de devenir secrétaire générale de la Fédération jurassienne des syndicats chrétiens puis de fonder l’école pour adultes Tremplin à Delémont. Aujourd’hui à la retraite, elle a terminé sa carrière à l’Université de Lausanne comme déléguée à l’égalité avec un objectif, promouvoir la carrière des femmes académiques.
Quel est pour vous le rôle des médias de service public en Suisse ?
Les médias sont le garant de notre démocratie, il est indispensable qu’ils soient libres et indépendants. Pour cela, on pourrait même envisager de les soutenir financièrement car les grands groupes tels que Tamedia dont l’objectif est le profit de leurs actionnaires ne sont pas toujours crédibles. Les réseaux sociaux sont des canaux intéressants pour l’échange d’informations culturelles ou pratiques mais ne doivent en aucun cas remplacer les médias traditionnels, ce serait ouvrir la porte à la désinformation. Je voterai donc contre la baisse de la redevance.
Avez-vous un souvenir de vos premiers contacts avec la radio et la télévision ?
Mon premier souvenir : une émission radio pour les enfants diffusée le samedi après-midi. Je me souviens aussi de l’émission satirique Le fond de la corbeille avec Lova Golovtchiner, une de mes préférées. Plus tard, Temps présent de Claude Torracinta me retenait souvent devant le petit écran. Dans les années 50, comme nous ne captions pas le signal à Delémont, mon oncle avait loué un appartement à Pleigne situé à 800 m d’altitude, où toute la famille se pressait autour du poste. Quelle merveille pour nous que ces images venues de loin !
Quelles sont les nouveautés dans le domaine des médias que vous appréciez le plus ?
Le différé, qui permet une grande liberté. Les podcasts éclairant des problèmes de société avec rigueur et sans tabou. Ceux que la RTS propose sont d’une qualité exceptionnelle, par leur sujet et la manière dont ils sont traités.
Comment vous informez-vous ?
Je regarde le téléjournal et je suis des émissions comme Tout un monde, Temps présent. Quant aux informations, elles me semblent plus problématiques, plus souvent biaisées que traitées. Par exemple, lorsque l’UDC dit que l’insécurité est le fait des personnes migrantes, les journalistes font réagir les autres partis uniquement à partir de cette assertion.
Avec une baguette magique, quelle émission proposeriez-vous ?
Une émission par et pour les femmes qui aborde des thèmes sociétaux et qui n’a pas peur de déranger. Une émission où on peut s’exprimer librement, dire son avis sans peur de heurter et où on entend des voix peu sollicitées telles que celles des vendeuses, des femmes migrantes et/ou sans-papiers…
Par Françoise Engel, SSR Jura
Paru dans le magazine Médiatic 230 (mars 2025)