21.03.2024 - Médiatic

Portrait-métier: Annick Foretay, responsable de l’offre sponsoring à la RTS

Annick Foretay, responsable offre sponsoring RTS © D.R.

« La météo avec le café Chicco d’Oro » qui vous surprend quand vous écoutez la matinale de RTS Couleur 3, ou encore le panneau de sponsor qui apparaît tout soudainement avant ou après votre émission TV préférée… Le tout se négocie au Secteur offre sponsoring de la RTS. Annick Foretay, nous explique le savoir-faire derrière ces annonces et nous plonge dans l’un des multiples métiers qui façonnent le paysage professionnel du média !

Avant de se lancer, publicité et sponsoring, quelle nuance ?

La pub se fait uniquement à la télévision, sous forme de spots publicitaires. En optant pour la pub, un client vise une large audience et a une liberté totale sur le contenu des annonces. Quant au sponsoring, il est possible à la radio et à la télévision. Nous vendons aux clients une affinité, un transfert d’image entre la valeur du programme RTS et le message que veut transmettre le sponsor. Celui-ci doit être neutre et non commercial. Le sponsoring prend plusieurs formes, comme des citations courtes « votre soirée avec… », des concours comme dans le cas du quiz ABC 3 sur RTS Couleur 3, une idée d’ailleurs empruntée à SRF, ou encore l’insertion de logos pendant des matchs par exemple. Les offres de sponsoring ne sont pas autorisées pour les émissions liées à l’actualité (19h30, 12h45, Infrarouge, Mise au point, ABE) afin de garantir leur indépendance éditoriale.

En quoi consiste concrètement votre métier ?

En matière de sponsoring, il y a deux équipes : l’équipe de l’offre et l’équipe de la vente. Nous sommes les dix doigts de la main ensemble, nous ne pouvons pas faire grand-chose l’une sans l’autre. Je suis responsable du Secteur offre sponsoring, un poste où je suis à la fois cheffe de produit et responsable d’équipe. Je m’occupe avec mes collègues de monter des offres en lien avec les programmes RTS. Chacun et chacune a un terrain défini. Je suis spécialisée dans tout ce qui est en lien avec les fictions et séries originales, les documentaires et la culture. Je m’occupe aussi des projets « one shot » comme Cœur à cœur. On se dit par exemple, tiens il y a un nouveau format qui va sortir à la belle saison, comment est-ce que nous allons le valoriser pour que nos collègues de l’équipe de la vente puissent le présenter aux clients. Nous travaillons de manière collaborative et stratégique avec les programmes, le marketing et la communication pour maximiser les opportunités et répondre aux besoins des annonceurs tout en respectant l’intégrité éditoriale des productions.

Comment collaborez-vous avec les autres unités d’entreprise de la SSR (SRF, RSI, RTR) ?

Les unités d’entreprise sont indépendantes mais nous fonctionnons sur un échange national parce que la Suisse est un petit marché. Certains clients veulent être présents sur plusieurs antennes régionales à la fois. Par exemple, en ce moment nous sommes en train de proposer la série Winter Palace, qui sera adaptée par SRF et la RSI. Les unités d’entreprise doivent me donner la période de diffusion, les chaînes concernées, l’heure et le prix de vente, puis je consolide en un seul dossier. Je vais ensuite dire que « Winter Palace dans les trois régions ça vaut tant » et je donne ces informations à mes collègues de la vente qui vont le présenter aux clients.

Quel est le chemin parcouru pour arriver à occuper ce poste à la RTS ?

Je viens du domaine du marketing, où j’ai surtout fait de la gestion de marque et des produits, du trade marketing ou encore de la vente. Je ne connaissais pas le monde des médias en tant que prestataire de service. J’avais jusqu’ici utilisé les médias comme cliente mais j’ai toujours eu envie de découvrir autre chose. Tout a donc commencé il y a bientôt 6 ans pour un remplacement au B2B. J’ai vendu des archives, des programmes de la RTS à l’extérieur, c’était très enrichissant. Quand l’opportunité s’est présentée au Service sponsoring et publicité, j’ai foncé, j’ai été prise et depuis il n’y a pas un jour où je m’embête.

Une journée type, ça existe dans ce métier ?

Il n’y a pas un jour qui se ressemble. Nous disons souvent cette phrase qui nous fait rire aux nouveaux arrivés : « en principe c’est vrai qu’on fait comme ça, mais dans ce cas-là ça ne va pas marcher, il faut faire différemment ». (rires)

L’offre RTS est large, les programmes évoluent, il faut donc être flexible et en constante réflexion…

J’aime bien ça, tout est extrêmement varié, les interlocuteurs sont nombreux. Ce poste permet de parler à la fois aux fictions, d’aller sur des tournages, de travailler avec des gens de la production RTS et aussi avec nos homologues des autres régions linguistiques. La réflexion globale est d’autant plus stimulante pour moi puisque nous travaillons pour le service public, nous répondons à un mandat, à des critères de l’OFCOM notamment. C’est un challenge complexe mais intéressant pour arriver à trouver la formule où tout le monde trouve son compte, que ce soit le sponsor, le public ou la RTS.

Comment décririez-vous un moment de satisfaction dans votre travail ?

Lorsque je travaille sur une offre en lien avec un nouveau programme et qu’elle se vend, c’est toujours un moment positif. Il est extrêmement gratifiant de pouvoir dire à la programmation qu’un contenu a intéressé et qu’il a été vendu. On sait qu’en effectuant ce travail pour la RTS, on a une large palette de possibilités à mettre en avant pour que les clients aient le choix.

Quelles difficultés rencontrez-vous parfois dans ce métier ?

Le placement de produit, par exemple, est très restreint dans le service public, car la réglementation y veille. Aussi, nous ne pouvons pas sponsoriser les formats dits « web only » qui sont publiés sur les plateformes en ligne de la RTS, ce que certains clients regrettent. Il nous arrive également d’avoir des sponsors qui souhaitent une mise en contact directe avec l’éditorial, mais nous n’entrons évidemment jamais en matière.

Pour finir, une anecdote propre à votre expérience à la RTS ou une leçon à nous partager ?

Il m’est arrivé plusieurs fois de croiser, chez des clients, des personnes avec lesquelles j’avais travaillé il y a 10-15 ans. Le monde est petit et c’est sympa, mais cette réalité nous enseigne qu’il vaut mieux ne pas se fâcher avec les gens (rires). C’est pourquoi une jolie leçon est celle de l’humilité, dans tous les sens du terme. On a beau avoir travaillé dans plusieurs domaines et différentes industries, entrer à la RTS permet d’élargir notre expérience et finalement d’en apprendre davantage sur notre propre métier.

 

Par Zineb Baaziz

Paru dans le magazine Médiatic 226 (mars 2024)