Les décors sur les plateaux TV, les affiches dans les stands de festivals, les autocollants sur les véhicules… vous avez certainement déjà vu ces inscriptions RTS en TV ou sur le terrain. Elles sont l’oeuvre d’un homme : Pascal Kummer, réalisateur publicitaire depuis 37 ans à la RTS. Rencontre avec ce passionné qui nous a ouvert les portes de son atelier, rempli de trésors d’hier et d’aujourd’hui.
En quoi consiste votre métier de réalisateur publicitaire ?
C’est beaucoup d’impressions : je fais des affiches, des bâches, des découpes autocollantes, je m’occupe des autocollants sur les véhicules RTS, de la décoration imprimée sur les plateaux TV, de la promotion en radio et TV, des affiches dans les festivals, etc. À l’époque, je travaillais aussi sur les fictions RTS, par exemple en confectionnant des fausses vitrines de magasins avec de faux logos sur les produits ménagers. Grâce à l’impression 3D, je fabrique également des pièces pour les décors ou des pièces techniques qu’on ne trouve pas dans le commerce. Je m’occupe aussi dernièrement de faire des impressions sur t-shirts. C’est donc un métier très varié.
Pouvez-vous nous expliquer les étapes du processus de création de décors au sein du secteur scénographie de la RTS ?
Tout d’abord, le décorateur réalise les plans du décor. Ensuite, les plans sont transmis à la construction et à la menuiserie qui doivent construire le décor avec les matériaux adéquats. Le peintre se charge ensuite des diverses peintures. J’interviens après pour mettre en place les inscriptions et autocollants. D’autres métiers interviennent si nécessaire. Enfin, le décor peut partir en studio ou à l’extérieur pour un événement. En définitive, nous avons presque tous les corps de métier au sein du secteur scénographie, ce qui est une force pour la RTS, car nous pouvons presque tout produire à l’interne et rapidement.
Vous êtes à la RTS depuis 37 ans, comment le métier a-t-il évolué ?
Il y a l’évolution des machines, bien entendu, car auparavant il n’y avait pas d’impression, tout se faisait à la main. Pendant mon apprentissage, je dessinais les lettres au pinceau. Lorsque l’autocollant est arrivé, je découpais à la main dans l’autocollant, puis les machines ont permis la découpe autocollante avec les impressions par ordinateur. Cela a été une grosse évolution. D’autre part, ce qui a évolué c’est le temps à disposition pour les réalisations. Tout doit se faire toujours très vite dans notre société, on a donc moins le temps de s’attarder sur des détails.
Une journée type, cela existe dans ce métier ?
Pas vraiment, car c’est un métier varié. Être réalisateur publicitaire dans d’autres entreprises peut être un peu répétitif. Alors que moi, je suis certes seul, mais je m’occupe de plein de choses différentes, c’est ça qui est très intéressant.
Pouvez-vous nous donner des exemples de réalisations que vous avez faites qui seraient bien connues de nos lectrices et lecteurs ?
À l’époque, pour l’émission Les coups de coeur d’Alain Morisod, je réalisais les décors du piano d’Alain. C’était toujours très créatif et un défi de faire ces décors originaux. Avec le temps, il y avait une sacrée couche de peinture sur le piano ! (rires). J’ai également réalisé le décor du stand RTS Couleur 3 au Paléo, avec l’énorme bouche et les impressionnants décors de couleurs irisées. C’est quelque chose qui a marqué le public. À noter que depuis 37 ans que je travaille ici, les logos RTS ont changé 5 fois. C’est donc à chaque fois un travail important de devoir tout refaire, les affiches, les panneaux, les véhicules, etc., avec les nouveaux logos.
Est-ce qu’il y a un projet qui vous a particulièrement marqué pendant votre carrière ?
Quand j’ai commencé à travailler à la RTS, mon premier gros projet a été l’Eurovision, organisée à Lausanne en 1989 à la suite de la victoire de Céline Dion. J’ai dû m’occuper des décors de l’événement, de la préparation en amont et pendant le spectacle où je devais changer et déplacer les décors entre chaque chanson pendant le direct. C’est un beau souvenir, même si c’était très impressionnant de commencer avec un tel projet.
Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?
C’est ce sentiment que lorsqu’on me donne quelque chose à faire, à la fin de la journée il y a une chose concrète qui a été réalisée. C’est gratifiant de réaliser quelque chose de ses mains qui peut ensuite être vu à la TV ou dans des festivals. Je pense que quand je serai à la retraite cela va me manquer. Il faudra que je monte un petit atelier à la maison pour faire des choses à moi.
Est-ce que cela arrive qu’il y ait des ratés ou des choses qui ne sont pas utilisées ?
C’est arrivé qu’il y ait des fautes d’orthographe sur des réalisations. Par exemple, une fois pour l’émission Ça joue, j’ai reçu les phrases pour un jeu à la dernière minute et j’ai oublié un mot. La phrase était donc bizarre, ils en ont rigolé à l’antenne. Mais ce n’était pas très grave, ce sont des choses qui arrivent.
Avez-vous une dernière anecdote à nous partager ?
Quand j’ai commencé à la RTS, il m’avait fallu une fois une semaine pour réaliser un château-fort pour un décor. J’avais passé du temps dessus, j’étais donc pressé de le voir passer à la TV. On ne l’a même pas vu 10 secondes, j’étais un peu frustré ! Mais j’ai ensuite compris que c’était normal.
Par Marie Jaquet
Paru dans le magazine Médiatic 227 (juin 2024)