« Je me sens à ma place aux Dicodeurs »
Tous l’avaient avertie que prendre les manettes des Dicodeurs après Laurence Bisang ne serait pas facile. Pas de quoi effrayer Marie Riley, voix venue de RTS Couleur 3 et passionnée de radio, qui imprime peu à peu son style à l’émission. Rencontre conviviale, chez elle, en campagne fribourgeoise.
Depuis la fin août 2023, vous animez le rendez-vous phare de RTS La Première à la mi-journée. Comment ça va ?
Je suis rentrée dans une aventure qui j’espère va durer. J’ai tellement galéré avec mille jobs. Je me sens bien dans l’équipe et auprès des auditeurs et auditrices. Cela est important pour moi. Lors des entretiens d’embauche, on m’a dit : « Après le départ de Laurence Bisang, c’est normal si, au début, tu reçois des critiques… » J’en ai reçu peu, trois-quatre, sur mes tatouages et ma voix. J’étais trop dans les aigus. C’était un peu le stress du début et je suis maintenant plus posée. Je me sens vraiment dans mon rôle. Je réalise aussi ce que signifie être porteuse d’image. Cela a changé énormément le regard des gens sur moi.
Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ?
Au début, quand je rentrais dans un magasin, j’entendais des chuchotements dans mon dos… Alors, je parle de l’émission avec les gens. Certains l’écoutent depuis 25 ans, ils ont eu peur de l’arrivée d’une nouvelle présentatrice et ils se disent maintenant contents. Il y a tout un mythe autour de l’émission. Qui écrit quoi ? Et les blagues ? Le public est étonné de savoir que, oui, les dicodeurs écrivent toutes leurs définitions. Beaucoup imaginent aussi que je suis en direct chaque jour à 11h30. Je suis toujours empruntée pour leur dire la vérité, mais ce n’est plus un secret… (cinq émissions sont enregistrées en une soirée, le lundi, puis diffusées la semaine suivante).
En quoi consiste votre préparation personnelle ?
Je fais des recherches sur l’invité, sur le domaine où il évolue, je fouille les archives. Je suis très pointilleuse. J’écris toutes mes parties, les lancements de jeux et même celui des infos, en cherchant des formules différentes. En revanche, je ne contacte plus l’invité. Je l’ai fait au début pour m’assurer que je n’allais pas dire de bêtises, mais finalement, ça me desservait. Quand l’invité a parlé d’un sujet hors micro, il ne l’aborde plus pendant l’émission. Or, il faut tenir 5 heures d’enregistrement et je ne peux donc pas gâcher du contenu.
Avant les enregistrements, répétez-vous avec l’équipe ?
Jamais ! Je connais les bonnes réponses aux jeux, c’est tout. Je ne sais rien de ce que vont dire les dicodeurs. Et s’ils répètent des sketches le soir de l’enregistrement, je ne veux rien entendre. Je découvre tout en même temps que le public. Certaines réponses sont tellement loufoques qu’on a des fous rires terribles. C’est totalement authentique. J’apprends petit à petit à connaître l’équipe, on s’envoie des vannes, toujours dans la bienveillance. C’est un petit jeu qui se construit sur plusieurs émissions.
Parvenez-vous à imprimer votre patte aux Dicodeurs ?
L’émission fonctionne parfaitement, l’erreur aurait été de tout bazarder. Il faut y aller par petites touches, j’ai proposé notamment des questions bonus. Le rythme a changé, il est plus dense. Sur une heure, il faut que ça fuse. J’ai de la peine à laisser s’installer des discussions-fleuves entre les dicodeurs. On m’a également fait remarquer que les invités avaient plus de place.
Votre soeur aînée, la journaliste Claire Burgy, est une figure connue des téléspectateurs et téléspectatrices. Quels conseils vous a-t-elle donnés ?
Son avertissement sur l’usage des réseaux sociaux m’a été précieux : « En tant que porteuse d’image de la RTS, fais gaffe à ce que tu postes », m’a-t-elle dit. Elle en a fait l’expérience quand elle présentait le TJ. Avant, je postais des avis tranchés, désormais, je mets des photos de cuisine ! Cela dit, peu de gens à la RTS connaissent nos liens. Claire craignait qu’on nous accuse d’avoir tiré les ficelles. En fait, pas du tout. Je suis rentrée à la radio par Duja. J’ai pu garder un pied à RTS Couleur 3 avec mon émission du dimanche soir, Horse Power qui parle de rock. En revanche, ma hiérarchie a préféré que j’arrête Les Bras cassés pour ne pas avoir deux émissions d’humour, sur deux chaînes.
« Mes tatouages, c’est un agenda de vie », avez-vous dit. Une case est-elle prévue pour l’équipe des Dicodeurs ?
J’ai promis à Marc Donnet-Monay de me faire tatouer une de ses citations qui m’a fait tant rire : « L’amour, c’est comme les omelettes. D’abord c’est dans la coquille et après, c’est cuit ! ». Et à Valérie Paccaud, de tatouer son nom sous mon coude pour l’avoir… toujours sous le coude !
Les Dicodeurs met la langue française à l’honneur. Quel est votre plus beau mot ?
Éphémère. Déjà, graphiquement, j’aime ce mot avec ses accents, son étymologie toute simple, son double emploi, comme adjectif et nom. Et son sens : tout est éphémère et il faut savoir profiter de ce que l’on a.
Par Marie-Françoise Macchi
Paru dans le magazine Médiatic 226 (mars 2024)