06.11.2025 - Médiatic

RTS Lausanne-Ecublens : des starting blocks à la ligne d’arrivée

Marc Bueler (RTS © Laurent Bleuze)

Journaliste et réalisateur de profession, Marc Bueler accompagne le projet du nouveau bâtiment RTS depuis 2017. Un défi que de coordonner les besoins de tous les corps de métier pour aboutir à ce lieu fonctionnel, flexible et évolutif. Entretien à l’aube de l’aboutissement du projet.

Marc Bueler, vous êtes chef de projet global du nouveau bâtiment RTS à Lausanne-Ecublens. Comment s’est-il passé pour vous jusqu’à maintenant ?
C’est un projet passion. Je viens du cœur de métier de la production et pouvoir créer, avec l’ensemble de mes collègues, un outil de production pour l’avenir du service public, c’est incroyable mais très complexe. Il y a de multiples phases et itérations. C’est un job de marathonien avec… des sprints, il faut gérer son effort sur la durée et avoir une certaine forme d’endurance.

Un marathon, de l’endurance… des métaphores qui rappellent votre passé de journaliste et de réalisateur à la rédaction des Sports. Ce projet vous éloigne beaucoup de votre métier initial, comment le vivez-vous ?
J’ai eu de la chance de découvrir divers métiers dans cette entreprise, à chaque fois je me suis mis au défi de découvrir d’autres facettes. Je serai toujours journaliste quelque part, je serai toujours réalisateur multi-caméras, et finalement je suis toujours aussi dans l’organisation de projets ou d’événements. Donc je ne perds pas quelque chose, j’augmente en compétences et je les mets au service du projet. Au final, mon parcours me permet de bien décoder et comprendre nos besoins et de renforcer la qualité et la définition de nos espaces et des technologies associées. Mais c’est vrai, à certains moments, j’ai des petits pincements de cœur quand je vois le Tour de Romandie qui part, ou une course de Coupe du monde de ski, et que je ne suis pas dessus… mais il faut faire des choix dans la vie, je ne regrette pas. Peut-être qu’un jour je reviendrai…

Qu’est-ce qui vous a intéressé à porter ce projet, il y a dix ans déjà ?
Avec la création du nouveau Centre Sport en 2016, j’étais déjà dans une forme de transition, mais le projet du nouveau bâtiment de Lausanne-Ecublens était définitivement un nouveau challenge professionnel et personnel. Je marche toujours par défis, tous les sept ou huit ans j’évolue un peu de métier ou d’orientation, ça c’est la chance de la RTS, c’est qu’on peut faire plusieurs choses dans une même entreprise. Moi je suis l’exemple, ou le mauvais exemple. J’ai commencé à 18 ans, j’étais opérateur au synthé, je faisais toutes les surimpressions à l’écran. Il faut savoir se mettre au défi, accepter des moments d’inconfort ou de doute et dire « ok, j’y vais ! »

Justement, dans ce projet, quels ont été les plus gros défis pour vous ?
Il y a des défis personnels et des défis d’entreprise. Le défi personnel de ce projet, c’est toute la complexité d’organiser la méthodologie autour de tellement de parties prenantes et de synthétiser l’ensemble des besoins. Il faut s’entourer de personnes et de compétences, ça n’a pas été simple à mettre en place. Et à l’image du projet, l’évolution de l’organisation a été permanente, il fallait se remettre en question et l’adapter. Le défi d’entreprise, c’est de mobiliser des personnes à des moments clés pour réfléchir à l’avenir. Pas à deux mois ou une année mais bien à cinq à dix ans. Ça c’est un vrai challenge pour les productrices et producteurs, journalistes ou autres corps de métier qui sont davantage dans le flux quotidien. Ce décalage n’a pas toujours été simple à gérer entre un mode prospectif projet et le mode quotidien de l’entreprise.

Et les aspects qui vous ont le plus plu ?
C’est le rapport humain. Je reste convaincu que la gestion de projet, c’est avant tout les relations humaines et l’intelligence collective. Comment on thématise, comment on interagit et comment on priorise les choses. Et finalement comment on aboutit à un résultat commun, partagé, qui puisse « vivre » dans le temps, et avec qualité. Pas toujours simple, il faut être ouvert et orienté solution. Mais avec le recul, je suis convaincu que le résultat est réussi grâce à ces multiples rendez-vous et interactions.

Le déménagement va commencer prochainement, c’est l’aboutissement de ces dix ans, mais ce n’est pas la fin… ?
Oui, après la finalisation du bâtiment et des premiers lieux de production, on commence avec le déménagement progressif de personnes et des rédactions. On a décidé de faire un déménagement « par produit », du moins complexe au plus complexe. On débute avec des entités audios puis on ajoute, par étapes, de la vidéo pour la radio filmée et finalement avec le déménagement de l’Actu TV en été 2026. Et on planifie déjà 2027, avec l’intégration des Sports et d’autres entités, et ça c’est la modularité et la flexibilité du site de Lausanne-Ecublens qui le permet.

Et une fois que tout ça sera terminé, quelles seront les suites pour vous ?
Ce n’est jamais terminé… Je travaille déjà sur la reconfiguration du site de Genève, où la RTS restera présente, et le tout doit se faire en complète synergie avec le site de Lausanne-Ecublens et les objectifs stratégiques de la RTS et de la SSR. Un autre défi. Mais on sera déjà en 2028… on verra !

Par Nina Beuret

Paru dans le magazine Médiatic 232 (octobre 2025)