« Plaidoyer » original pour le conformisme
L’assemblée annuelle ordinaire de la SRT Fribourg s’est tenue le 10 février 2011, avec à la clé une augmentation des cotisations qui passe de 20 à 25 francs. Clou de la soirée, la venue de Darius Rochebin pour une conférence sur le conformisme dans le journalisme.
Dans son rapport annuel de la 31e assemblée générale et devant une cinquantaine de personnes, la Présidente de la SRT, Nicole Berger, a remarqué que s’il y avait un engouement formidable pour les SRT au départ, le soufflé est retombé actuellement. Toutefois, tout n’est pas si noir. Les interventions des membres de la SRT sont prises très au sérieux par les professionnels de la Radio télévision suisse (RTS). Le point fort de cette assemblée était la proposition d’augmenter la cotisation pour les membres fribourgeois de 20 à 25 francs, une augmentation qui est passée comme une lettre à la poste puisque la décision a été prise à l’unanimité. Raisons de cette demande d’augmentation? La dernière augmentation remonte à 2001, les comptes sont équilibrés (bénéfice de 237.95 francs), mais les manifestations, comme les Cafés des médias, sont assez chères et pas totalement subventionnées par la RTSR.
Après cette assemblée, quelque 90 personnes ont pu assister à une conférence de Darius Rochebin sur le thème «Le conformisme dans le journalisme». Et force est de constater que l’orateur vedette ne l’a pas vraiment été en se livrant à un «plaidoyer» surprenant. Au début, D. Rochebin se livre à une constatation. « Ce qui me frappe, c’est une telle distance entre l’opinion des gens sur le journalisme et la réalité. Le journalisme a un côté très trivial. Je me souviens de mon premier article. C’était sur l’inauguration d’une pissotière! C’était très compliqué. J’avais fait un texte très verbeux, typique d’un jeune frais émoulu de l’université, et le localier m’accompagnant a transformé totalement mon texte pour le rendre lisible », indique en souriant le présentateur.
En réalité, les journalistes sont tributaires de l’opinion. Et il y a un certain « courage kilométrique ». Plus un journaliste est éloigné des faits, plus il est libre. «Les journalistes égyptiens sont particulièrement prudents et on les comprend. Critiquer Bush ou Castro, c’est facile, ici. Critiquer un conseiller d’État dans son canton et le fax de son avocat arrive rapidement dans votre rédaction», poursuit D. Rochebin. « À quel degré peut-on être courageux? On a parfois peur du public, si l’on se trompe, on ne vous rate pas. Mais cette peur peut aussi vous empêcher de dire des bêtises et vous oblige à commettre le moins d’erreurs possible. Et l’avantage avec le conformisme, c’est que les faits sont au centre » De plus, le comportement moutonnier des professionnels reflète aussi l’opinion générale. Être pour la peine de mort est impensable aujourd’hui, alors qu’il y a 40 ans, c’était courant. Même obsolescence pour des idées dites de gauche. Se dire en faveur de l’étatisme actuellement, c’est passer pour un ringard. Ce n’était pas le cas jadis.
Autre exemple cité, la remise à Mitterrand de la francisque (décoration de la France pétainiste) dans sa jeunesse n’a pas été dévoilée par les journalistes pendant les 40 dernières années de son activité politique. Il y a donc toujours eu du conformisme, mais celui-ci est-il un bien ou un mal ? « Pour ma part, je n’en vois pas que des côtés négatifs, même si cela fait du bien de le rompre de temps à autre. Est-ce toujours un bien de tout dire ? » questionne le journaliste. La rupture est venue avec l’arrivée des enquêtes d’investigation provenant des rédactions d’Outre-Atlantique et actuellement d’Internet. Aujourd’hui, un secret comme celui de Mitterrand ne pourrait plus tenir. Il y aurait toujours un internaute qui s’en souviendrait et le mettrait en ligne. «En fait, la pensée n’est plus aussi unique depuis l’arrivée du réseau des réseaux», conclut Darius Rochebin.
Claude Vaucher - SRT Fribourg