La situation du service public audiovisuel en Italie
La conférence qui a suivi l’Assemblée générale de SSR Genève du 2 mai 2023 fut tout sauf futile. Au podium, Valérie Dupont correspondante de la RTS en Italie. Son exposé commença comme un discours de combat :
« Le genre humain peut vivre sans information, mais la démocratie, non ! »… phrase assortie d’un examen sur le manque de moyens fournis aux journalistes qui sont sans cesse au four et au moulin. Mais assez vite, le tableau brossé par la correspondante – immigrée de Belgique en Italie où elle a pris mari – a cessé d’être un plaidoyer pro domo pour virer à une saine autocritique. « La RAI publique a dormi sur ses lauriers… ce qui a ouvert un boulevard aux ambitions privées ; depuis lors, elle s’est interrogée, s’est remise en cause, a voulu devenir plus « sexy » ».
Mais le mal est plus structurel, voire systémique : « En fait, on est dans un système où les partis se partagent le gâteau… chacun une tranche. Et les journalistes de ces chaînes en ont pris acte, ils ne le remettent pas en question, si bien que leur rôle se limite souvent à tendre le micro à leurs partis suzerains. Or notre travail de journalistes est d’être embarrassants… c’est du moins ainsi qu’on le voit chez nous. D’ailleurs même en Italie, ce boulot critique en conférence de presse, les journalistes de la presse écrite, ils le font. ».
Valérie Dupont n’est donc pas trop inquiète pour l’avenir des Italiens, « qui votent toujours avec passion ». A une voix dans l’auditoire qui ajouta « Oui, mais mal ! », elle répondit avec… liberté de vote : « Non… ils votent… pas à nous de dire si c’est bien ou mal ». Pour le reste, elle donne du relief à sa profession : est-ce parce que – ayant un père dans la science et une mère dans les arts – elle voit le monde des deux yeux ?
Boris Engelson, SSR Genève