31.10.2023 - Rencontre

SSR.VS: Cédric Jordan, chef du bureau RTS Valais Région à Sion

Cédric Jordan © Sedrik Nemeth

Bonjour Cédric, dessinez-nous la journée type du correspondant RTS en Valais.

Les séances du matin avec Genève et Lausanne donnent le coup d’envoi. Par contre on ne sait jamais à quelle heure et où on finira. On ne s’en plaint pas, c’est une constante du métier qu’il faut accepter si on veut le pratiquer.

Comment résumer le mandat rédactionnel de Valais Région ?

Pour faire simple on dira que nous couvrons l’actualité valaisanne, de Saint-Gingolph à Gletsch. Mais il est clair en même temps que nous devons la traiter sous un angle susceptible d’intéresser l’ensemble du public romand.

Qui choisit les sujets que vous traitez ?

Notre rédaction propose les sujets à la rédaction centrale. Il nous revient d’argumenter, de détailler l’angle de traitement, de mettre en valeur l’intérêt du thème.

Quelles sont les émissions que vous alimentez en priorité ?

En TV le 12.45, Couleurs locales et le 19.30. En radio La Matinale, le 12H30 et Forum.

En quoi votre métier évolue-t-il rapidement ?

À Valais Région nous assumons actuellement un rôle pilote dans un projet tri-média : chaque journaliste décline l’information sur les trois vecteurs radio/TV/Web. C’est un élargissement sensible de nos compétences, qui demande un effort certain.

Qu’est-ce qui est le plus chronophage : la TV, la radio ou le Web ?

Clairement la TV. Il s’agit d’anticiper sur la mise en image, de consacrer parfois beaucoup de temps au tournage puis d’accompagner le montage.

La radio et le Web se réduisent alors à des produits dérivés ?

En aucune façon. Nous priorisons dans notre organisation l’enchaînement de la production. Pour un événement brûlant, nous diffuserons en principe d’abord sur le Web, ensuite à la radio et à la TV.

Quels sont vos rapports avec les radios et télévisions locales ?

Très bons. Nous échangeons des images ou des sons en sourçant (ndlr: indiquer d’où est tiré l’extrait). Cela dit chacun garde ses sujets originaux. Nous traitons les thèmes différemment vu notre public romand. Nous devons à chaque fois remettre un sujet dans son contexte.

Le tournus que la SSR applique aux journalistes va-t-il se maintenir dans les régions ?

C’est un objet de discussion, il est certain que la nouvelle organisation demande davantage de compétences et se révèle plus exigeante en termes de connaissance verticale de l’environnement.

Pourquoi êtes-vous devenu journaliste ?

Je vais vous décevoir mais je n’ai pas de vocation impérative à faire valoir ! Après des études en science-po j’ai répondu à annonce de Rhône FM, qui cherchait un stagiaire. Seize ans plus tard j’ai rejoint la SSR.

Avez-vous constaté de grosses différences dans le service public ?

Non, pas vraiment. Les médias dit privés jouent également un rôle de service public. Cela étant, il est clair qu’à la SSR les exigences quant à l’équilibre des opinions sont particulièrement strictes.

Mais on reproche souvent à vos confrères de la SSR des opinions de gauche.

C’est injuste. Sans compter que, par-delà les avis de chacun, nous assumons très sérieusement nos devoirs de réserve. Certains sujets ont pu prêter à discussion mais ils ont été traités avec professionnalisme.

Comment appréhendez-vous l’initiative pour une redevance à 200 francs ?

Avec un peu d’appréhension certes. Mais je crois que la population comprend la nécessité de disposer d’une information fiable, vérifiée, objective. C’est un enjeu démocratique capital. Cet enjeu a un prix.

Comment imaginez-vous la SSR en 2050 ?

L’information restera au cœur du dispositif, elle constituera toujours la base du service public. Dans ce sens, le projet Campus qui mène à une convergence radio/TV/Web sur les marches de l’EPFL va dans le bon sens. Sans compter qu’il nous permettra de réaliser des produits plus proches des jeunes générations.

Par Bernard Reist

Paru dans le magazine Médiatic 225 (octobre/novembre 2023)