RTS Education a lancé en septembre un nouveau format, baptisé Oki. Conçu en priorité pour le digital, ce magazine éducatif a également vocation à être utilisé comme outil d’apprentissage dans les écoles et s’accompagne de matériel pédagogique pour les enfants comme pour le corps enseignant. Le programme est diffusé tous les mercredis, hors vacances scolaires. Sa particularité ? Il ne fait pas que s’adresser aux enfants de 10 à 12 ans, mais les têtes blondes interviennent aussi dans l’émission. Découverte de ce programme qui révolutionne l’offre jeunesse de la RTS.
Une émission éducative, sur des thématiques actuelles, pour donner aux enfants de 10 à 12 ans « des clés de compréhension du monde d’aujourd’hui, et qu’on puisse comprendre leur monde à travers leur regard ». C’est le concept de Oki, le dernier né de l’offre RTS Education, tel que le décrit son animateur François Egger.
Ces capsules vidéo permettront d’aborder chaque semaine des thématiques qui touchent la jeune génération, avec un lien à l’actualité (lire encadré). La mission pédagogique est double : en plus de proposer du contenu éducatif, Oki permettra de faire de l’éducation aux médias chez soi, et à l’école, puisque chaque épisode sera accompagné de fiches pédagogiques utilisables par le corps enseignant, Lequel a d’ailleurs été consulté dans le cadre de l’élaboration du programme, informe la productrice Tania Chytil. « Oki est pensé pour l’enseignement. On a travaillé avec la CIIP (réd : la Conférence intercantonale de l’instruction publique et de la culture de la Suisse romande et du Tessin) pour s’assurer que ça puisse être utilisé en classe. C’est pour ça qu’on a privilégié un format court, d’une dizaine de minutes » explique-t-elle. Afin de permettre aux enseignant.e.s d’utiliser au mieux les contenus d’Oki, un canal Whatsapp a même été créé à leur intention.
« Ça fait aussi partie de notre mission de service public que d’éduquer les jeunes générations aux médias, de leur apprendre à faire de la télé » ajoute François Egger, soulignant le double rôle que la SSR joue dans l’information et l’éducation aux médias : à la fois à travers les thématiques abordées et dans la conception même du programme. Grâce à Oki, des enfants venu.e.s de toute la Suisse romande ont ainsi appris à prendre la parole face à une caméra, mais aussi à connaître le métier de journaliste et le rôle d’information des médias.
Collaboration avec les enfants
En effet, outre sa diffusion digitale, une des particularités d’Oki est qu’elle n’est pas uniquement adressée aux enfants, mais que ceux et celles-ci participent également à l’émission, en donnant leurs avis sur les sujets abordés et en se prêtant aux différents exercices proposés, tentant par exemple de deviner si des images sont de vraies photos ou si elles ont été conçues à l’aide de l’intelligence artificielle.
Le présentateur François Egger interagit avec elles et eux, fournissant des explications sur la problématique. « L’idée, c’est qu’on ait un apport journalistique qui leur permette d’obtenir des explications sur des thématiques d’actualités, et qu’elles et eux aussi s’expriment. C’est presque une collaboration entre nous, service public, et les enfants, où on partage des points de vue » détaille-t-il. « Evidemment, on amène la crédibilité journalistique, le côté explicatif, à travers notre regard et notre travail ».
Un petit défi pour le journaliste, qui avait jusqu’alors travaillé sur des émissions destinées à un public adulte et avec un style journalistique plus traditionnel, telles que Couleurs locales et A Bon Entendeur. « C’est un vrai challenge, reconnaît François Egger. On est dans un échange, dans une présentation qui sont différents. Evidemment, on aimerait garder la même rigueur journalistique, mais dans les mots qu’on utilise, la manière de s’exprimer, on doit pouvoir parler à cette génération. Il faut trouver le bon équilibre entre être cool, accessible, trouver les bons mots pour leur parler, sans être niais, ringard, sans tomber dans une forme de jeunisme. On ne voulait pas aboutir à un format complètement décalé et perdre l’envie d’informer ».
L’équipe s’est également montrée attentive à adapter les contenus à la tranche d’âge concernée. Les enfants de 10 à 12 ans « ne sont pas des bébés » sourit Tania Chytil, l’émission peut ainsi leur parler sur un ton et de sujets sérieux, mais les jeunes n’ont pas toujours les mêmes références culturelles. L’adaptation à leurs codes et la vulgarisation ont donc été centrales dans l’élaboration des épisodes d’Oki.
Indispensable pour toucher la jeunesse
L’objectif ? Qu’Oki devienne une véritable référence, un outil de travail pour le personnel enseignant romand. « Il a fallu trouver la bonne forme, le bon fond, ça a été tout un travail qu’on a fait pendant six mois » relate François Egger.
Des contenus comme Oki sont indispensables pour la RTS, si elle veut continuer à toucher la nouvelle génération, car cette dernière s’informe et consomme principalement les médias sur d’autres plateformes, notamment les réseaux sociaux, où la désinformation et les dangers pour la jeunesse sont un réel risque. « C’est d’autant plus notre devoir de service public que de pouvoir les éduquer avec un programme qui est fiable, crédible, encadré par toutes nos compétences ». Selon les journalistes, Oki comble un réel manque dans l’offre jeunesse de la RTS, car celle-ci n’avait pas proposé une telle émission éducative depuis des années. Plus précisément, depuis la fin de « Magellan » au début des années 2000, se souvient Tania Chytil, qui a fait ses débuts à la RTS en présentant cette émission didactique dès 1989.
Une offre jeunesse étoffée
Les thématiques abordées par RTS Education ont-elles beaucoup varié au fil des années ? « Evidemment, on ne parlait pas d’intelligence artificielle il y a trente ans, mais je pense qu’il y a des thématiques qui reviennent tout le temps, information et désinformation par exemple, remarque la journaliste et productrice. On suit toujours l’air du temps. C’est plutôt la manière, les outils qu’on utilise pour en parler qui ont changé. » Un autre changement : la multiplication des offres de contenus éducatifs destinés à la jeunesse qu’internet a désormais à offrir.
L’équipe RTS Education compte bien continuer à enrichir son offre dans les mois et années à venir, notamment via le lancement d’une nouvelle émission, de divertissement cette fois, autour de Pâques 2026. Elle prévoit également d’adapter des contenus germanophones produits par SRF, dans le cadre du programme Enavant et de sa logique de mutualisation du travail, laquelle passe par un renforcement des collaborations entre régions linguistiques. Une logique nécessaire, car Oki et les autres contenus jeunesse sont produits par une petite équipe : six personnes à temps partiel. « Mais on a une vraie volonté de retrouver un souffle pour la jeunesse à la RTS » s’enthousiasme Tania Chytil.
Encadré : DES THÉMATIQUES VARIÉES ET ACTUELLES
Les deux premiers épisodes d’Oki, diffusés en septembre, ont tourné autour du thème très actuel de l’intelligence artificielle, en apprenant aux enfants à reconnaître des images créées par l’IA, les fameux « deepfakes », et en leur expliquant comment fonctionne l’IA générative. Les autres thématiques sont choisies en fonction de l’actualité : une émission sur le Japon a par exemple été diffusée début octobre, en lien avec l’exposition universelle à Osaka. La thématique des animaux vivant dans les villes sera quant à elle abordée à l’occasion de la sortie du film « Zootopie 2 », et des sujets sur Halloween et Noël sont prévus à l’approche de ces fêtes. À l’occasion de la semaine des médias à l’école en février, Oki explorera la thématique de la différence entre information et publicité. De quoi coller à l’actualité, qu’elle soit journalistique ou scolaire, et parler à la jeunesse.
Par Nina Beuret
Paru dans le magazine Médiatic 232 (octobre 2025)