05.06.2025 - AG & Conférence

Alexis Favre a dévoilé les coulisses d’Infrarouge à Genève

Alexis Favre a dévoilé les coulisses d'Infrarouge à Genève. (© SSR.GE)

Lors de son assemblée générale, la SSR Genève a eu le plaisir d’accueillir Alexis Favre. Le producteur de l’émission RTS Infrarouge a entretenu l’assemblée au sujet des défis auxquels doit faire face le programme, qui a fêté ses 20 ans d’existence l’an dernier.

L’émission Infrarouge est née le 4 février 2004. A l’époque, les journalistes Romaine Jean et Michel Zendali (qui seront suivi.e.s par Massimo Lorenzi, Elisabeth Logean, Esther Mamarbachi) décident de créer une émission avec un concept de « ring de boxe » où des figures politiques fortes (Oscar Freysinger, Tariq Ramadan, Christoph Blocher pour ne citer qu’eux) s’affrontent d’une manière aussi spectaculaire possible.

En 2017, Alexis Favre arrive à la RTS et on lui propose de présenter l’émission. Les temps commencent à changer. Le débat démocratique et son existence commencent à être remis en question, les règles du jeu et les codes sociétaux amorcent leurs changements, en même temps que commencent les affrontements sur les réseaux sociaux.

Après une année de formation auprès d’Esther Mamarbachi et accompagné d’une équipe de 5 personnes, Alexis Favre prend les rênes de l’émission en tant que producteur responsable. Le décor est transformé (table ronde, cercle rouge, etc.) et l’ancienne formule est abolie. C’est une émission affranchie de l’obligation de « clash » qui est désormais proposée, pour aborder des sujets constructifs, parfois encore contradictoires.

L’émission sera systématiquement retransmise en direct, en prime time avec une seule mission : respecter le mandat de service publique qui consiste à aider à la formation de l’opinion.

Et le public suit : les parts de marché augmentent de 11 à 15%, quand bien même le marché se réduit et se diversifie (télévision en temps réel).

Chaque sujet est préparé en aval et à l’interne le vendredi. La presse dominicale confirme ou infirme le choix du sujet, dont le fond sera travaillé entre le lundi et le mercredi, jour de l’émission.

L’essentiel est de maîtriser le dossier concerné pour éviter de se faire prendre de court par l’un ou l’autre des participants au débat. La triche n’est pas permise. Lorsqu’un sujet ou un événement fort intervient dans l’intervalle, il faut être flexible et envisager d’accueillir des invité.e.s de dernière minute.

Dans un monde de plus en plus clivé où l’urgence individuelle prime, où les règles du débat jadis implicites et établies volent en éclat, le rôle d’une émission comme Infrarouge est primordial : c’est un des rares espaces où pendant 60 minutes, une question actuelle est discutée et débattue.

Alexis Favre relève également l’exercice d’équilibriste que représente le choix des invités, assorti de réelles contraintes parfois difficiles à résoudre (obligation d’inclusion, de diversité, de genres etc.). Le public est évidemment souvent insatisfait et frustré du sujet abordé ou de la présence ou l’absence de certaines personnes autour de la table lors de l’émission, et peu se gênent pour le faire savoir.

Mais le producteur prend le parti de rester cohérent dans ses choix, sans les imposer, mais en assumant toujours ce que son équipe et lui proposent. Et on aime ça.

Stéphanie Guidi, SSR Genève