Humoriste bien connu du stand-up et des réseaux sociaux, Renaud de Vargas est depuis bientôt deux ans l’une des voix matinales de RTS Couleur 3. Entre humour absurde et authenticité revendiquée, ce Vaudois de 32 ans réveille la Suisse romande avec une énergie contagieuse et une passion assumée pour la vanne bien placée. Rencontre.
Vous animez Fuego, l’émission matinale de RTS Couleur 3, en duo avec Marie Giovanola depuis août 2023. Ça va, pas trop fatigué ?
Ça va ! Je me réveille extrêmement tôt, mais c’est un travail qui me permet d’être tout de suite au taquet le matin avec de la musique dans les oreilles, des collègues sur le plateau, un réalisateur derrière la vitre, des chroniques qui s’enchaînent. Ça me réveille autant que ça réveille celles et ceux qui nous écoutent.
Vous avez commencé votre carrière en tant que journaliste sportif. Pourquoi ce virage dans l’humour ?
Parce que j’ai toujours rêvé d’en faire. Je suis tombé dedans très jeune, en regardant en boucle la cassette du premier spectacle de Jamel Debbouze quand j’avais sept ou huit ans. Je ne comprenais pas 99 % du spectacle, mais de voir cet homme hyper à l’aise, charismatique, réussir à capter l’attention des gens et à faire rire une salle comble m’a donné envie de faire la même chose malgré ma timidité maladive à cette époque.
Et aujourd’hui vous êtes écouté et regardé par des milliers de personnes.
Ce n’était pas gagné d’avance. Petit, je n’arrivais à parler facilement qu’à ma mère, mon beau-père et mes grands-parents. Ça a duré des années, jusqu’à ce que je consulte une psychologue qui a réussi à me délivrer de cette timidité. C’est très cliché, mais je suis alors devenu le clown de ma classe et j’ai commencé à faire du théâtre où je me suis senti tout de suite très à l’aise, entouré d’une bonne bande de copains. Ça m’a permis de sortir de ma coquille.
À quoi ressemble votre parcours professionnel ?
Je ne suis passé par rien ou presque. J’ai été viré du gymnase pour notes insuffisantes, enchaîné quelques stages sans débouchés, et me suis fait renvoyer d’un apprentissage d’employé de commerce au bout de six mois. Je ne voulais plus me lever le matin pour faire quelque chose qui ne m’intéressait pas.
J’ai donc contacté LFM, chez qui j’avais fait un stage d’observation deux ans plus tôt, et la chaîne m’a donné l’opportunité de couvrir l’actualité sportive. Quelques années plus tard, j’ai commencé comme chroniqueur dans Les bras cassés sur RTS Couleur 3.
Quand on m’a proposé plus tard d’animer la matinale, je me suis dit que l’occasion d’être payé pour dire des bêtises à la radio ne se présenterait pas deux fois !
Au-delà de l’animation radio, vous faites aussi du stand-up et des sketches sur les réseaux sociaux. Dans quel exercice êtes-vous le plus à l’aise ?
J’aurais tendance à me sentir plus à l’aise en radio parce que c’est plus cadré, les émissions suivent un déroulé précis. Mais j’aime aussi beaucoup le côté imprévu du stand-up, une interaction avec une personne un peu bizarre dans le public, une blague qui ne marche pas très bien et sur laquelle il faut rebondir, une impro qui au contraire cartonne et me permet d’en enchaîner d’autres. Tu sais tout de suite si ça passe ou pas, ça me galvanise un peu plus.
Il y a un côté plus instantané, plus humain quand on est confronté directement à son public, même si j’adore aussi recevoir à l’antenne des messages d’auditrices et d’auditeurs, par exemple pour des concours ou des jeux.
Ce n’est pas toujours facile de reprendre les manettes d’une émission déjà bien installée. Comment l’avez-vous vécu ?
Les retours de la chaîne et du public ont été globalement très bons, même si on a aussi reçu des commentaires négatifs. Je me souviens de l’époque où Yann Marguet explosait avec Les orties et que Yoann Provenzano, qui était déjà connu sur les réseaux sociaux, est arrivé dans Les bras cassés.
Les gens les ont tout de suite comparés, reproché à l’un de marcher sur les platebandes de l’autre, alors que chacun arrivait avec sa propre patte. Je tente d’amener la mienne, Marie aussi, mais on sait que sur une chaîne exposée comme RTS Couleur 3, la critique fait partie du jeu. Il faut savoir la recevoir sans y prêter trop d’attention.
Faire de la radio sur RTS Couleur 3, c’était un rêve pour vous ?
Complètement. Le matin avant d’aller à l’école, je me réveillais avec la chronique Les deux minutes du peuple dans la matinale de Valérie Paccaud sur RTS Couleur 3.
Qu’aujourd’hui j’anime la même émission, c’est juste dingue ! La chaîne me permet d’être moi-même et d’aborder des sujets sensibles ou des causes qui me tiennent à cœur, avec une certaine liberté de ton.
Par Lisa Prongué
Paru dans le magazine Médiatic 231 (juin 2025)