13.05.2012 -

Les grandes heures de la Radio Suisse Romande

Mardi 24 avril 2012 à 18h30, "Les Grandes Heures de la Radio et de la TV", rencontre avec Jean-Claude Gigon et Valdo Sartori...

Conférence de MM. Jean-Claude Gigon et Valdo Sartori

Devant 25 membres de la société et le comité presque in corpore, ces messieurs nous ont narré leur carrière à la Radio Suisse Romande en illustrant leurs récits de documents sonores et même télévisuels.

Jean-Claude Gigon nous vient de Porrentruy. Déjà pendant son apprentissage à la banque, il manifeste son intérêt pour le reportage en s'achetant un enregistreur pour faire le chasseur de son.  A 25 ans, il quitte son poste pour aller à Paris comme assistant à Europe 1 où il lit les nouvelles de midi. Il vient à Lausanne en 1970, engagé comme opérateur technique par Georges Dudan.

De son côté, Valdo Sartori se familiarise avec le monde de la technique radiophonique comme auditeur de poste à galène, réparateur aux  Arts ménagers, dont le mode de facturation le laisse pantois, placeur au Cinéac où venait Audrey Hepburn et ses enfants. Pour se lancer dans le théâtre, il suit les cours de Paul Pasquier au conservatoire de Lausanne, travaille ensuite avec Paul Lavanchy, Charles Apothéloz et rencontre Georges Dudan qui l'engage à la radio. Grâce à sa fréquentation du bar de la radio, il est très demandé pour divers remplacements. En 1971, Roger Volet crée le Kiosque à Musique dont Valdo Sartori et Jean-Claude Gigon reprendront la direction après y avoir collaboré pendant des années.

J-Cl. Gigon rappelle que dans les années soixante, la préparation d'une émission permettait d'aller sur place, de parler longuement avec les intéressés, et souvent de se trouver dans des fêtes qui duraient toute la journée. Les responsables ont appris à se méfier des élections locales où un candidat profite du micro pour servir sa propagande, et surtout de ne pas favoriser une localité aux dépens des autres.

En 1994, pour fêter les quarante ans de la Télévision suisse, le Kiosque est émis depuis le studio 4 de Genève. Grande affluence d'auditeurs et téléspectateurs qui apprécient de pouvoir parler aux animateurs de nos régies et prononcent déjà de nombreuses critiques et exigences contradictoires. La millième édition du Kiosque à Musique a lieu à Villars sur Ollon, animée par Jean-Marc Richard puisque MM. Sartori et Gigon venaient de partir à la retraite en 1999.

Un beau jour, en 1980, le patron de J-Cl. Gigon lui annonce qu'il est nommé responsable de la radio dominicale de 6 à 9 heures. Par un certain concours de circonstances, J-Cl. Gigon lance l'émission Monsieur Jardinier avec Paul Baudat, président de la Société des jardiniers. Les animateurs sont époustouflés par l'intérêt éveillé par le sujet, submergés par les questions des auditeurs et souvent émus par les confidences de certains. Six ou sept jardiniers répondent aux huit à neuf cents appels jusque tard le dimanche soir.

En 1984, J-Cl. Gigon loue le terrain militaire de la caserne de Colombier (pour un franc !) afin d'y organiser une manifestation jardinière: 12'000 personnes et 80 jardiniers y participent, amenés par 47 trains spéciaux ! L'émission est écoutée jusqu'au Maroc. Un livre écrit par J-Cl. Gigon sur M. Jardinier est vendu à 48'000 exemplaires dont 6'000 à Paris.

En 1986, V. Sartori souffle une nouvelle idée à J-Cl. Gigon: montrer ce qui se passe sous la surface du sol, d'où les Jardins suspendus de Babylone organisés à la Maison de la Radio et qui attirent une affluence époustouflante.

Pour terminer, deux anecdotes.

  • A l'époque de l'affaire des fonds en déshérence, alors que J-Cl. Gigon félicite un lauréat de concours de musique en lui disant qu'il est couvert d'or, celui-ci rétorque: « C'est tout ça que les Juifs n'auront pas ! » Quelques minutes, plus tard, une plainte pénale arrive à Berne; J-Cl. Gigon, qui n'avait rien dit, est convoqué sept fois chez le juge, et le plaignant réclame finalement un versement de 50 francs à un fonds juif pour solde de tout compte.
  • Lors d’un Kiosque à Musique, Valdo Sartori est interpellé par un fanfaron tout inquiet qui lui souffle qu'il a le trac. Sartori tente de la rassurer en lui avouant qui lui aussi a le trac; au moment de la prestation de la fanfare, Sartori aperçoit son interlocuteur fièrement debout derrière les joueurs: c'était le porte-drapeau.

R. Lecoultre