17.01.2025 - Médiatic

Rencontre avec Anne Laure Gannac, productrice et animatrice de Vertigo sur RTS Première

Anne Laure Gannac (RTS © Jay Louvion)

Anne Laure Gannac nous partage son parcours et ses ambitions pour l’émission qui vous emmène à la découverte des personnalités et événements qui font l’actualité culturelle en Suisse et dans le monde.

Vous êtes à la tête de Vertigo en duo avec Pierre Philippe Cadert depuis 2021. Comment vous sentez-vous dans ce rôle ?

Très bien. La collaboration et le partage des tâches et des responsabilités avec Pierre Philippe se passent à merveille. On a de la chance d’avoir une équipe composée de journalistes installés depuis longtemps et d’autres arrivés depuis peu, ce qui donne une très bonne énergie à l’ensemble.

Comment êtes-vous arrivée à l’animation de Vertigo ?

J’ai commencé ma carrière en France, où j’ai notamment été rédactrice en chef adjointe de Psychologies Magazine et chroniqueuse sur France Info, Europe 1, Radio Classique ou encore RFI. Il y a dix ans, j’ai suivi mon conjoint franco-suisse ici. À mon arrivée, j’ai travaillé plusieurs années pour la RTS en tant qu’externe, notamment comme chroniqueuse et productrice d’émissions sur des sujets de philosophie, avant qu’on ne me propose Vertigo. Si l’enchaînement de ces différents mandats a parfois pu être compliqué, la découverte de toutes ces facettes de la radio a été extrêmement enrichissante et m’a permis d’être complètement à l’aise avec l’imprévu et le direct.

Vous avez toujours rêvé de faire de la radio ?

Oui ! En arrivant à la RTS je souhaitais vraiment me focaliser sur la radio, mon média préféré depuis l’école de journalisme. Mais j’avais surtout envie de rejoindre le service public. Je suis très sensible à la valeur sociétale de la culture et à la place qu’elle occupe dans le débat public, pour éclairer nos situations sociétales et politiques. Je prends d’ailleurs toujours soin dans mes introductions d’émissions de rappeler que oui, la culture remplit des rôles essentiels.

Pourquoi la culture ?

Avec le sport, c’est le domaine dans lequel j’ai toujours évolué. J’ai pratiqué beaucoup de théâtre, je poursuis avec la musique, l’écriture… J’avais d’ailleurs commencé mes études de journalisme dans le but d’être critique de théâtre, journaliste sportive ou vulgarisatrice de sciences humaines !

Comment préparez-vous vos sujets ?

Avec Pierre Philippe, on se relaie dans la présentation de l’émission. Le jour où il est à l’antenne, je prépare donc mon interview de l’invité du lendemain : je lis son livre, assiste à son spectacle ou vois son film, parcours la documentation et prends des notes…  Le jour de l’émission, je me concentre sur le conducteur et les sujets des chroniqueurs. Ma seule frustration, c’est qu’une fois l’émission passée, j’oublie à peu près toutes les infos emmagasinées : la case est effacée pour être remplie par les sujets du lendemain, et ainsi de suite !

Quelle évolution envisagez-vous pour l’émission ?

L’offre culturelle est extrêmement riche en Suisse, donc le choix difficile. La promotion en ligne d’événements ne peut pas remplacer un conseil argumenté, une rencontre « vivante » avec les artistes ou un débat animé entre journalistes que propose notre émission. À ce titre, je suis convaincue qu’un rendez-vous quotidien et convivial comme Vertigo reste essentiel. Mais encore faut-il que les gens connaissent l’émission ! L’évolution à suivre me semble donc relever avant tout de la communication sur l’émission et de notre présence sur les réseaux sociaux et sur le terrain, à la rencontre du public.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

D’abord, la diversité : plonger chaque jour dans des sujets différents avec des personnalités aux parcours variés, c’est d’une richesse inouïe. Ensuite, le fait de transmettre au public la passion et le talent de tous ces gens. J’aime particulièrement les émissions en extérieur, lors d’événements culturels. Quand le public vient nous trouver pour discuter ou donner son avis, on prend la pleine mesure de notre utilité et de l’importance de la culture et de la radio en général dans le quotidien des gens. Rien n’est plus motivant.

On entend souvent que la culture est un sujet de niche. Quel ton adopter pour la rendre accessible à tous ?

En tant que journaliste, on est dans un jeu d’équilibrisme permanent dans son rapport à l’invité et aux sujets culturels : il s’agit de ne pas tomber dans l’entre soi, la citation massive d’artistes ou d’œuvres, ou dans la naïveté totale. Il faut imaginer notre public comme des gens curieux, a priori intéressés mais pas toujours pleinement attentifs parce que fatigués, en voiture, occupés, etc. Même si nous sommes écoutés aussi en différé, on est avant tout une émission de direct qui accompagne les gens de 17h à 18h, donc, a priori, après une journée active. Amener de la légèreté est important, aussi : il ne faut pas avoir peur de rire quand on parle de culture.

Votre domaine culturel préféré ?

Cela dépend des périodes, mais s’il fallait choisir je dirais que le théâtre tient une place particulière dans mon cœur. Et la musique ! Je suis d’ailleurs chanteuse et parolière dans un groupe que nous avons créé avec Pierre Philippe Cadert à la guitare et Pierre-Do Bourgknecht, chroniqueur de Vertigo, à la composition et au piano. Notre nom ? Hors Antenne, en clin d’œil à nos métiers !

Par Lisa Prongué

Paru dans le magazine Médiatic 229 (décembre 2024)