21.02.2018 - Emission

Revenir à Fukushima

©RTS/Kami Productions

L’accident de la centrale nucléaire japonaise n’en finit pas d’avoir des conséquences dramatiques pour les habitants.

Lundi 5 mars 2018 à 20h40 sur RTS Deux

Sept ans après, certains habitants de la région ont été autorisés à retourner dans leurs anciens logements, d’autres refusent de courir le risque d’être exposés aux dangers. A travers leurs témoignages, on prend conscience des conséquences de cette catastrophe.

Devant la gare, un enfant trébuche et se râpe le genou sur le sol. La maman à ses côtés se penche et le frotte doucement de sa main : « Partez, les radiations, partez ! » Dans un coin de l’écran, on peut distinguer un appareil de mesure de radioactivité affichant 0,143 microSv/h.
Nous sommes au Japon et Mme Akiko Morimatsu n’a pas voulu continuer à habiter près de la centrale de Fukushima. Elle a préféré s’enfuir avec ses deux jeunes enfants à 500 km de là et s’exiler à Osaka. Le papa Akeshi, médecin, est resté dans la région, lui : « Je ne peux pas abandonner mes patients », dit-il. Et voilà comment il se retrouve séparé de sa femme, qui ne supporte pas les radiations mais vient le voir de temps en temps, avec sa fille et son fils qui trébuche.

100.000 personnes ont quitté la région de Fukushima après la catastrophe

Les Morimatsu sont l’une des trois familles japonaises suivies par Marie Linton. Partir ? Rester ? Revenir ? Tel est le choix à faire, à l’heure où le gouvernement japonais prône la politique du retour. Avec l’assentiment de certains maires, se rouvrent des villes, villages et régions rurales de la zone interdite, d’où plus de 100.000 personnes ont dû être évacuées pour éviter de vivre dans des lieux contaminés.
Ce film indique très bien qu’il y a une vraie brisure humaine. Que ça ne s’arrête pas. Qu’il y a à apprendre à vivre avec la radioactivité. L’un des experts invités dans le film, Mycle Schneider, consultant international sur l’énergie et le nucléaire décrypte parfaitement ce « débat de l’acceptabilité » de la situation. Et se fait critique : ce qui devrait être un « débat de société devient un choix individuel… »

Le choix de revenir, c’est celui de Makiko Idogawa, qui dit avoir « toujours eu envie l’intention de rentrer ». Mais elle fait, dans le même temps, un aveu touchant : « nous n’avons nulle part ailleurs où aller ». Son mari Mitsuo constate que les indemnités n’auraient pas suffi s’ils avaient dû rester vivre comme réfugiés avec leurs deux grandes filles. Reste que leur maison de Minamisoma n’est qu’à 19 km de la centrale et que le collège où allaient les enfants n’a pas rouvert. D’ailleurs, la plupart des magasins, échoppes, stations-essence, casinos et tout ce qui fait la vraie vie d’une ville ou d’un village n’ont pas rouvert non plus. La vision de longues avenues vides qui jadis furent très animées n’a rien de réjouissante…

Le documentaire nous le révèle dans une étonnante séquence, filmée dans une salle de classe, lors d’un cours distillé par un «  professeur de radioactivité « , M. Shun Kurayagi : « Pour que le Cesium redescende de moitié, il faut 30 ans. C’est un problème qui durera 90 ans. Cela concernera vos enfants et vos petits-enfants… »

Texte: RTS