24.02.2014 -

Plongée au cœur du CERN avec les membres de la SRT Vaud

Une quarantaine de membres de la SRT Vaud ont eu la chance de pouvoir entrer au CERN ce samedi 8 février 2014 pour s’approcher des bosons et des leptons !

Une quarantaine de membres de la SRT Vaud ont eu la chance de pouvoir entrer au CERN ce samedi 8 février 2014 pour s’approcher des bosons et des leptons !

Dès 14 heures, sous la conduite d’Érik Bracke, ingénieur électronicien à la retraite, les visiteurs commencent le parcours du site plutôt impressionnant par son étendue, la variété des espaces, des bâtiments et des installations visibles. Le guide explique les origines du CERN, créé à l’instigation de Louis de Broglie, ingénieur français alarmé par la fuite des cerveaux européens aux États-Unis juste après la guerre. Sa lettre parvient à l’UNESCO qui décide de créer des centres d’excellence en commençant par un Centre européen pour la recherche nucléaire, le mot nucléaire ayant alors un pouvoir magique sur les bailleurs de fonds. 

En 1954 est posée la première pierre d’un cyclotron près de Genève : le CERN est né. Aujourd’hui, on préfère l’appeler le Laboratoire européen pour la physique des particules, qui se concentre sur la recherche fondamentale civile, donc aucun secret, et permission de photographier partout. Vingt et un pays européens financent le laboratoire, selon leur produit intérieur brut, à raison du prix de deux tasses de café par année par habitant, ce qui fait quand même 2 milliards de francs suisses ! Israël, premier pays extraeuropéen, est membre depuis 2013, et d’autres pays comme la Serbie et l’Ukraine sont candidats. Des centaines de savants, de stagiaires et d’étudiants d’autres États collaborent aussi régulièrement. Le matériel, généralement conçu à Genève, est fabriqué dans toutes sortes de pays. Le CERN travaille aussi avec des industries qui lui fournissent matériel et finances contre le droit de profiter de certaines découvertes.    

Le CERN a ses propres règles de sécurité (radiation, incendie, etc.), un service médical, des véhicules, une garderie, une bibliothèque, une association du personnel et des dizaines de sociétés à buts sportifs et culturels.

Que cherche le CERN ? Notre guide signale d’abord qu’en science, nulle vérité n’est éternelle ; il donne comme exemple la notion de matière. Dès le Ve siècle avant J.-C., Démocrite soupçonnait que la matière était formée d’atomes (atome = insécable), mais dès la fin du XIXe, on a découvert que l’atome était formé d’un noyau entouré d’électrons, et maintenant on sait que le noyau lui-même est un composé. Le CERN veut savoir ce qui s’est passé lors de la Grande Explosion initiale, avec sa formation de matière et d’antimatière, et il cherche à en reconstituer les conditions, sans risquer d’explosion générale cette fois.

Nous avons été conviés à visiter le grand anneau collisionneur de hadrons, de 27 km de circonférence, construit dans les années 80 entre 50 et 150 mètres sous terre. Nous pouvons retenir l’incroyable prouesse réalisée par les techniciens du CERN qui parviennent à créer dans cet anneau un froid de quelque 5 degrés Kelvin au-dessus du zéro absolu, que les particules accélérées sont guidées par aimantation, et que ce système a nécessité de très nombreux réglages. De plus, le collisionneur fonctionne 9 mois par année, quand l’électricité européenne achetée à la bourse de Leipzig est meilleur marché, et reste donc au repos l’hiver.

Et une question : la recherche nucléaire fondamentale fournit-elle des résultats bénéfiques pour tout un chacun ? Oui ! On peut notamment citer l’invention d’Internet par T. Berners-Lee en 1990, de nombreux appareils utilisés en médecine, en cryogénie (le froid), en supraconductivité, le vide, et la microélectronique. n

Richard Lecoultre, SRT Vaud 

@ Pour en savoir plus sur le CERN, on peut consulter le site www.cern.ch